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Des arrêts longs pour une gastro, 3 ans d’absence: des patrons racontent les abus d’arrêts-maladies

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La Cour de cassation a estimé qu'un salarié malade en vacances et qui bénéficiait d'un arrêt-maladie, pouvait reporter ses jours de congés gâchés. Un scandale pour de nombreux employeurs et médecin qui font part de leur colère ce jeudi sur RMC.

Grande nouveauté sur le front des arrêts-maladies et les vacances. La Cour de cassation a estimé qu’un salarié tombant malade pendant ses vacances, pourrait reporter ses jours de congé. Une décision pour se mettre en conformité avec le droit européen alors que c’est déjà le cas en Belgique et en Italie par exemple.

Une décision difficile à avaler pour les entreprises. La CPME, la Confédération des petites et moyennes entreprises, estime que la Cour de cassation "ne recule devant rien pour pénaliser les entreprises".

"On a des menaces sur les arrêts de travail"

"C’est la porte ouverte à tous les dérapages", abonde ce jeudi sur le plateau d'Estelle Midi Antoine, urgentiste. "Aux urgences, on a plein de patients qui viennent pour une petite gastro le lundi et qui demandent l'arrêt de travail jusqu'au vendredi. Ils insistent 10-15 minutes, la salle d’attente se remplit, en fin de journée on craque".

"On a des gens qui tombent un peu dans les escaliers et viennent demander leur arrêt de travail. On dit non toute la journée mais parfois on a des patients virulents et on a des menaces sur les arrêts de travail et les bons de transport tous les jours!", poursuit-il.

Il en est sûr, cette décision de la Cour de cassation va entraîner de nouveaux abus : "C’est les vacances c’est la faute à pas de chance, c’est triste mais c’est comme ça, on ne peut pas tout reporter sur le travail".

2 ans et 8 mois d'arrêt pour une cheville cassée en sortant de sa voiture

"Il y en a marre du droit européen", peste sur RMC et RMC Story Vincent, gestionnaire de paie. "Demain je vais avoir des gens qui vont vouloir 3 semaines de congés, je vais leur dire non et ils vont coller des arrêts maladies pendant la deuxième semaine. Cela fait 10 ans que je reçois des arrêts de travail de salariés qui sont en congé payé !"

Ces longs arrêts de travail, Osvaldo, chef d’entreprise, les a vécus: "J’ai un salarié qui a assuré s’être bousillé la cheville en descendant de voiture. Cela aurait nécessité deux vis. J’ai demandé à la sécurité sociale si c’était compatible avec sa blessure, ils n’en avaient rien à foutre. Il a été arrêté 2 ans et 8 mois et ça m’a coûté un bras. J’ai dû lui payer moi près de 3 ans de congés payés accumulés".

Reporter ses congés payés quand on tombe malade en vacances : pour ou contre ? - 11/09
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"Je ne remets pas en cause sa cheville cassée mais comment on peut se blesser aussi gravement en descendant de voiture. Et un lundi matin à 8h, la coïncidence est curieuse", ajoute-t-il.

Benoît Serre, ancien vice-président de l'association nationale des DRH, estime qu'il n'y aura pas de pagaille générale: "Mais il faut mettre des garde-fous, ça devrait s'appliquer à partir d'un certain nombre de jours de congés pour éviter la truande", estime-t-il.

"Il faudrait faire en sorte que cela ne s'applique qu'à partir du 6e jour d'arrêt-maladie constaté pendant les congés", propose Benoît Serre.

En 2024, la fraude aux arrêts-maladie aurait coûté plus de 30 millions d'euros à l'Assurance maladie. Un montant en très forte hausse alors que cette fraude ne pesait "que" 8 millions d'euros en 2023.

G.D.