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Emploi: le taux de chômage quasiment stable à 7,2%, un niveau qui s'annonce difficile à enfoncer

Un bureau de Pôle Emploi à Armentières, en août 2016 (illustration).

Un bureau de Pôle Emploi à Armentières, en août 2016 (illustration). - PHILIPPE HUGUEN / AFP

Au deuxième trimestre de l'année 2023, le taux de chômeurs parmi la population active stagne à 7,2%. En l'espace d'un an, ce taux a donc baissé de 0,2% et jette un doute sur l'objectif du plein emploi.

Le taux de chômage est resté quasiment stable en France (hors Mayotte) au deuxième trimestre, à 7,2% de la population active. Il semble avoir atteint un palier qui va être difficile à franchir à court terme dans un contexte de ralentissement des créations d'emplois.

Selon les chiffres publiés vendredi par l'Insee, le nombre de chômeurs au sens du Bureau international du travail (BIT) a progressé de 20.000 à 2,2 millions de personnes, soit une hausse de 0,1 point du taux de chômage après une baisse de 0,1 point au trimestre précédent.

Certes, ce taux "demeure très proche de son plus bas niveau mesuré depuis le deuxième trimestre 1982 (7,1%)", rappelle l'institut. Mais, depuis un an, il n'a baissé que de 0,2 point.

"On a une tendance à la stabilité, comme le prévoyait notre dernière note de conjoncture en juin qui tablait sur un taux de chômage inchangé à 7,1% toute l'année 2023", commente Yves Jauneau, chef de la division synthèse et conjoncture du marché du travail de l'Insee.

Vers une "légère remontée" du nombre de chômeurs?

"On retrouve cette stabilité ce trimestre sur les principaux indicateurs du marché du travail", souligne Yves Jauneau. Selon l'estimation provisoire de l'Insee publiée le 4 août, il n'y a ainsi eu que 19.700 créations nettes d'emplois dans le privé ce trimestre (+0,1%), contre 86.800 (+0,4%) au premier trimestre.

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Autre indicateur, le nombre d'inscrits à Pôle emploi sans activité (catégorie A) est resté lui aussi stable, autour des trois millions de chômeurs.

"C'est cohérent, on a atteint un point bas dans la baisse du chômage, on est sur une forme de plateau", renchérit Mathieu Plane, directeur adjoint du département analyse et prévision de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

L'économiste s'attend même "à une légère remontée à l'avenir dans un contexte de politiques budgétaire - réduction des déficits - et monétaire - remontée des taux d'intérêt - moins accommodantes", souligne-t-il.

Pour ce qui est du taux d'emploi des 15-64 ans, celui-ci est également stable à 68,6%, soit son plus haut niveau depuis que l'Insee le mesure en 1975. Après avoir bénéficié du boom de l'apprentissage en 2021-2022, ce taux d'emploi ne progresse plus chez les jeunes, les dernières statistiques semblant montrer une stabilisation du nombre d'alternants.

L'objectif du plein emploi en danger?

Pour l'instant, le gouvernement maintient son objectif d'atteindre le plein emploi d'ici à 2027, soit un taux de chômage autour de 5%.

Pour atteindre cet objectif, le gouvernement estime qu'il faut que l'économie crée 700.000 à 800.000 emplois supplémentaires d'ici la fin du quinquennat. "Cela veut dire une économie très dynamique", juge Mathieu Plane de l'OFCE.

L'exécutif compte aussi sur l'effet de la dernière réforme de l'assurance-chômage, avec une réduction de la durée d'indemnisation de 25% depuis le 1er février. Une réforme qu'il veut voir reprise dans la négociation sociale sur de nouvelles règles d'indemnisation prévue à l'automne.

Cette négociation devra permettre aussi de financer la réorganisation du service public de l'emploi avec la création de France Travail, destinée notamment à renforcer l'accompagnement des allocataires du RSA vers l'emploi.

Néanmoins, "la réforme du RSA ne se traduira pas forcément statistiquement par une baisse du chômage car il s'agit de ramener vers l'emploi des personnes qui n'étaient pour partie même pas sur le marché du travail", prévient Mathieu Plane.

A.L avec AFP