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Émeutes: son autocar incendié, il doit mettre un salarié en chômage partiel

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Patron d'une petite société, Olivier a vu l'un de ses autocars incendié lors d'émeutes à Guyancourt (Yvelines). Avant de redémarrer son activité, il est obligé de mettre un de ses salariés au chômage partiel.

Ancien militaire, Olivier s'est reconverti dans le transport de touristes. Il réalise le gros de son chiffre d'affaires avec un autocar acheté à crédit en 2019. De ce véhicule, il n’a retrouvé que la carcasse incendiée il y a 10 jours, après une nouvelle nuit d’émeutes à Guyancourt, en banlieue parisienne.

"Mon épouse m'a appelé en pleurs, me disant que la société était morte, qu'on n'avait plus de bus", raconte-t-il à RMC. "Après deux ans de Covid-19, on a repris notre activité tant bien que mal en 2022 et aujourd'hui, se retrouver sans rien, c'est très dur", explique Olivier.

Il a porté plainte et lancé la procédure d’indemnisation avec son assureur, AXA. Le prêt pour son autocar va être clôturé mais AXA lui fait quand même payer la franchise : 6.000 euros. Une somme qui sera, heureusement pour Olivier, intégralement prise en charge grâce à une cagnotte en ligne lancée par sa famille.

Les prix des autocars explosent

Mais les problèmes ne s'arrêtent pas là. Il va falloir financer un nouvel autocar. Sur le marché de l’occasion, les offres sont rares. Et dans le neuf, les prix ont explosé en trois ans, de 280.000 à 350.000€, sans compter les délais très longs de livraison et les banques qui ne veulent plus prêter.

Et tant qu’il n’aura pas remplacé son véhicule, Olivier n’aura pas le choix: il devra maintenir un de ses trois salariés au chômage partiel: "Entre ces problèmes liés à l'entreprise et le refinancement de matériel, c'est très dur pour un chef d'entreprise", assure-t-il.

Le chômage partiel, largement utilisé pendant la crise du Covid-19, peut être activé en cas de "circonstance à caractère exceptionnel". Le patron verse alors 60% du salaire brut à l’employé qui ne peut pas travailler. Et si les conditions sont réunies, l’État prend en charge la moitié.

Le chômage partiel autorisé en cas d'émeutes

Et selon le cabinet du ministère du Travail, interrogé par RMC, les patrons pourront bien activer ce chômage partiel en cas d'émeutes, à la fois pour les entreprises qui ne peuvent pas faire travailler tous leurs salariés à cause de dégradations et pour celles qui ont perdu du chiffre d’affaires à la suite des mesures de police et de préfecture, un couvre-feu par exemple ou la fermeture de transports en commun.

Pour l'obtenir, il faut envoyer une demande d’activité partielle à la Direction du Travail (DDETS) de son département, dans un délai de 30 jours après le début du chômage technique de son salarié. Ensuite, l'Etat pourra dédommager, une fois les preuves de la situation fournies.

Amélie Rosique, Joanna Chabas et Elise Denjean