Faut-il généraliser les congés illimités? "C'est le monde du travail de demain"
Chez Goldman Sachs, depuis le 1er mai, aux Etats-Unis, les cadres supérieurs peuvent désormais prendre autant de congés qu’ils le souhaitent. Les salariés, eux, doivent prendre au moins 15 jours de congés par an, soit trois semaines. Outre-Atlantique, la banque d’affaires n’est pas la première entreprise à mettre en place un tel système.
Plusieurs entreprises de la Silicon Valley ont déjà franchi le pas. Le principe est simple, les salariés de l’entreprise peuvent partir autant en vacances qu’ils le souhaitent, tant que le travail est fait.
Dans le cas de Goldman Sachs, l'étudiante Léa Falco note dans "Les Grandes Gueules" ce mardi sur RMC qu'il s'agit de quelques cadres supérieurs, dans un environnement particulier, avec des semaines de parfois près de 100 heures: "C'est le top management de Goldman Sachs, c'est une population relativement faible de gens qui ont une séparation très faible entre vie privée et vie professionnelle, avec le risque qu'ils ne prennent pas leur jour".
"La vraie question, c'est de les obliger à prendre des vacances, à se reposer un minimum pour être plus productif. Et quand on généralise le débat, on s'intéresse à la valeur travail dans la vie des gens: est-ce que les gens font leur travail si on leur propose de prendre des congés illimités?", ajoute-t-elle.
Un risque de creuser le fossé entre travailleurs?
"C'est le monde du travail de demain, juge Olivier Truchot. C'est la fin de la gestion verticale des choses, donner beaucoup plus de responsabilités aux salariés. Chez Netflix, il y a des congés illimités depuis 2003, et on ne peut pas dire que l'entreprise ne réussit pas."
"Il y aura moins de petits chefs, les gens seront beaucoup plus responsables. L'idée, c'est que le travail soit fait. Si le travail n'est pas fait, on ne va pas garder l'employé. Mais si le travail est fait, l'entreprise ne regardera plus si l'employé est arrivé à 9h01 ou reparti à 18h01", ajoute-t-il.
Pour Laurent Magnin, consultant, ancien président de XL Airways, c'est un "mauvais signe": "Si cela ne concerne que les gens au top du top d'une institution financière énorme, je ne vois pas l'intérêt. Il y a des choses à dire sur les cadres en France qui vont trop loin, c'est sûr".
"En France, on a déjà six semaines de vacances et il n'y a plus de valeur travail", estime de son côté l'agriculteur Didier Giraud. "C'est une société qui favorise l'élitisme. Par exemple avec la semaine de quatre jours, il y en a plein qui ne pourront pas consommer comme les autres. C'est pareil avec les 35h où ceux qui ne pouvaient pas consommer, se sont mis à prendre un travail au noir", ajoute-t-il, notant la différence entre certains secteurs où la possibilité existe, et la production où c'est presque impossible. "Avec des vacances illimitées, je pense qu'on va creuser le fossé entre les travailleurs", ajoute-t-il.