La fraude sociale explose: "Certains au RSA déposent du cash chaque mois", témoigne un banquier

Alerte à la fraude. Les escroqueries sur les prestations sociales ont augmenté de 20% en 2024 par rapport à l'année passée. Au total, ce sont 450 millions d'euros de fraudes sociales qui ont été détectés, alerte le patron de la Cnaf, la Caisse nationale d'allocations familiales, Nicolas Grivel.
S'il y a "une montée en puissance de la fraude organisée", "la fraude traditionnelle est individuelle", explique-t-il dans La Tribune du dimanche. Cette fraude sociale individuelle prend des formes multiples: "On voit des choses hallucinantes", assure ce mardi sur le plateau des Grandes Gueules David, conseiller bancaire dans les Bouches-du-Rhône, qui assure que "les chiffres sont sous-pesés".
Se déclarer séparés pour toucher des aides en plus
"Certains sont au RSA et déposent du cash ou des chèques chaque mois, des couples indiquent dans leur déclaration d'impôts ne pas habiter ensemble pour que la femme touche des allocations liées à son statut de mère isolée", détaille-t-il sur RMC et RMC Story.
"En fin d'année, certains font des virements sur les comptes d'enfants ou de tierces personnes pour ne pas déclarer 30 ou 40.000 euros de patrimoine financier par peur de perdre les droits du RSA", ajoute David.
Il aimerait pouvoir lever le secret bancaire dans certains cas pour permettre d'effectuer des signalements aux autorités compétentes. "Il faudrait réformer le système et permettre à l'administration de consulter les comptes des personnes qui demandent des prestations sociales à la Caf".
Les fraudeurs traqués
Et quand on cherche, on trouve. C'est d'ailleurs ce qui explique cette hausse soudaine de la fraude sociale. Selon la Caisse nationale des allocations familiales, c'est grâce au croisement de fichiers avec d'autres administrations, comme France Travail, les Urssaf ou le Fisc et le travail accru d'enquêteurs dédiés depuis 2021, que tant de fraudes ont été détectées.
Et avec près de 3 millions de contrôles, environ 80% des sommes dérobées sont recouvrées. En cas de fraude, les contrevenants doivent rembourser avec une pénalité de 10%. Dans les cas les plus graves, des poursuites pénales sont engagées alors que la fraude sociale "ne dépasse pas 3% des montants versés par les CAF" dont les prestations s’élèvent à "environ 100 milliards" d'euros annuels".