Retraites: "Un 49-3 paraît dangereux" à Laurent Berger

Laurent Berger - Abacapress-Alain Apaydin
Interrogé dans les colonnes du Journal du dimanche, Laurent Berger, leader de la CFDT a jugé qu'adopter la réforme des retraites via l'article 49-3 de la Constitution serait "un vice démocratique" et sera "incroyable et dangereux":
"Adopter via cette procédure hâtive une réforme à la fois très impactante pour la vie de dizaines de millions de gens, injuste de notre point de vue et mal bricolée, ce serait une forme de vice démocratique. Que la fin de l’histoire soit un 49-3, ça me paraît incroyable et dangereux. "
"Le débat n'a pas eu lieu à l'Assemblée nationale et il a été accéléré au Sénat, alors que ce dernier a l'habitude d'aller au bout des textes dans une ambiance sereine. Dans ce contexte, adopter cette réforme grâce au 49.3 est impossible", juge le leader syndical. A l'inverse, "si le Parlement vote le texte, mais c'est loin d'être fait, il faudra en prendre acte", reconnaît-il, tout en estimant que "quoi qu'il en soit, le monde du travail en entier rejette cette réforme".
"La détermination est en train de se tranformer en colère"
"La détermination qui s'exprime dans la rue", après sept journées de mobilisation à l'appel de l'intersyndicale et avant une huitième mercredi, "est en train de se transformer en colère", avertit Laurent Berger, qui réitère l'appel des leaders syndicaux à l'organisation d'un référendum sur le recul de l'âge légal de la retraite à 64 ans.
Pour lui, "la contestation du monde du travail est massive, profonde et durable", et "ce n'est pas parce que ce texte serait adopté que les gens vont se dire: 'On passe à la séquence suivante'. Ça, c'est ce que les technos qui conseillent le gouvernement croient. Et ils se trompent".
"Si la loi est adoptée sans tenir compte de l'expression du mouvement social, on ne se retrouvera pas, le lendemain matin, en train de discuter comme si de rien n'était", prédit-il.
"Je ne cautionne jamais la violence. Après, peut-être que ce sera une conséquence malheureuse face au mépris auquel nous nous heurtons. Il y a un ressentiment très profond dans le monde du travail", met-il en garde.