Préférence nationale du RN: "C'est effrayant", des entreprises s'inquiètent pour la main d'œuvre étrangère

La préférence nationale, c'est l'une des grandes mesures du Rassemblement national. Pour l'appliquer, il faut changer la Constitution. Elle est donc repoussée mais reste un objectif qui inquiète certains secteurs d'activité. Notamment la restauration, l'entretien, le bâtiment ou encore les services à la personne. En effet, beaucoup d'entreprises ne pourraient pas fonctionner ou difficilement, sans main d'oeuvre étrangère.
Ils sont indispensables, répète Laurent Fréchet, du groupement des hôtelleries restaurations. Alors imaginer une préférence nationale qui compliquerait l'embauche de travailleurs étrangers, "c'est inquiétant, effrayant même".
"On a 385.000 emplois vacants dans nos métiers en France. Il s'agirait plutôt de réduire la fracture, que de l'augmenter", dénonce-t-il.
Il faut récompenser le travail alors que certains secteurs attirent peu, lance Stéphane Coffin, électricien et vice-président de la Fédération française du bâtiment de l'Oise: "On a aussi beaucoup dévalorisé nos métiers pendant des années. Aujourd'hui, on se retrouve avec une certaine pénurie".
Ce que décrit aussi la Fédération des Services à la Personne. Sur certains territoires, 60% des recrutés ont des titres de séjour, estime son directeur.
Un emploi sur dix est occupé par un immigré en 2021
En France en 2021, un emploi sur dix est occupé par un immigré, c’est-à-dire une personne résidant en France, née étrangère à l’étranger, selon les statistiques du ministère du Travail. Ils représentent 39% des employés de maison, 28% des agents de gardiennage et de sécurité, 27% des ouvriers non qualifiés du BTP, 24% des professionnels de la politique et du clergé ou encore 22% des cuisiniers.
Les travailleurs étrangers, ce sont deux tiers de la production de fruits et légumes, jauge quant à lui Raymond Girardi. Il est vice-président du Modef, le syndicat des petits et moyens paysans: "Il y a des agriculteurs aujourd'hui qui ont réduit leur surface par manque de main d'oeuvre".
"Précher aujourd'hui la préférence nationale pour les métiers de l'agriculture, c'est faire une croix sur la production nationale", explique-t-il indigné.
De plus, il faut encore faciliter leur recrutement, ajoute l'agriculteur, pour qu'ils travaillent dans de bonnes conditions.
Entre 1999 et 2022, le nombre d’immigrés a bondi dans l’Hexagone en passant de 4,4 millions de personnes à 7 millions (10.3% de la population totale).