Réforme des retraites: "Ce n'est qu'un décalage de calendrier", explique l'économiste Michaël Zemmour

Aucun relèvement de l'âge de la retraite n'aura lieu avant la prochaine élection présidentielle. Le Premier ministre Sébastien Lecornu l'a annoncé ce mardi lors de son discours de politique générale devant l'Assemblée nationale. Cette suspension de la réforme des retraites est jugée "complète". Elle acte donc que l'âge légal de départ est gelé à 62 ans et 9 mois.
C'était une demande du PS qui s'en est félicité. Mais pour Michaël Zemmour, économiste, enseignant-chercheur à l'Université Lumières Lyon 2, spécialiste de la réforme des retraites, ce n'est "qu'un décalage de calendrier: "Cela maintient la retraite à 64 ans et le passage accéléré à 43 annuités", assure-t-il ce mercredi sur RMC et RMC Story.
Ce décalage devrait profiter à la génération 1964 qui pourra partir en retraite à 62 ans et 9 mois au lieu de 63 ans, et ce dès octobre 2026. La génération suivante, celle de 1965, gagnera 6 mois de retraite: "Les personnes qui ont 60 ans aujourd'hui devaient partir à 63 ans et 3 mois, elles partiront à 63 ans. Celles qui ont 56 ans devaient partir à 64 ans, elles partiront à 64 ans", nuance Michaël Zemmour.
"Cela ne concerne que quelques générations et c'est un décalage du calendrier d'application de la réforme. On devait franchir une marche, passer de 62 ans et 9 mois à 63 ans, en janvier 2027, on le fera en janvier 2028. Cela décale d'une génération l'application de la réforme mais ça ne la remet pas en cause", déplore-t-il.
Un renoncement de plusieurs milliards finalement pas si coûteux?
Selon l'économiste, ce n'est pas une remise en cause de la réforme, juste une pause: "On devait franchir une marche, passer de 62 ans et 9 mois à 63 ans, en janvier 2027, on le fera en janvier 2028. Le choix qui a été fait c'est de ralentir d'une étape. Si le prochain président ne prend aucune décision, on va à 64 ans à un rythme à peine ralenti".
"L'enjeu de la réforme c'était de passer à 64 ans, avec 43 annuités, tout ça a été décalé", résume-t-il.
"Suspension n'est pas un terme juridique, le président de la République avait évoqué un décalage de calendrier, ça y ressemble", ajoute l'économiste.
Un renoncement du camp présidentiel coûteux pour le système de retraite assure Sébastien Lecornu: 400 millions d'euros en 2026 puis 1,8 milliard en 2027 alors que la Cour des comptes avance le chiffre de 3 milliards d'euros: "Ces chiffres sont compatibles et très petits à l'échelle du système de retraites qui représente 400 milliards", veut rassurer Michaël Zemmour.