Retraites: pourquoi la journée de mobilisation du 23 mars sera décisive pour les syndicats

L'intersyndicale a appelé à une journée de mobilisation ce jeudi, après l'utilisation du 49.3 vendredi dernier. Quelle va être la réponse de la rue? Les syndicats veulent de nouveau mobiliser leurs troupes pour une nouvelle fois, tenter de mettre la France à l'arrêt. Plusieurs secteurs seront fortement mobilisés, notamment dans les transports et dans l'éducation.

Neuvième journée de mobilisation intersyndicale contre la réforme des retraites, ce jeudi. Entre 600.000 et 800.000 manifestants devraient défiler partout en France, estime le renseignement territorial, dont 40.000 et 70.000 à Paris. Le patron de la CGT Philippe Martinez appelle les Français à se mobiliser en masse.

Au vu des remontées des salariés qui doivent se déclarer en avance, dans la fonction publique et dans les transports, les syndicats s'attendent à un regain de mobilisation. "C'est l'effet 49.3", observe un haut responsable, qui vise au moins 2 millions de personnes dans les rues, comme pour le premier temps fort du 19 janvier. Mais les craintes de violences sont dans toutes les têtes.

"On va se faire déborder, c'est inévitable, et ce n'est pas faute d'avoir prévenu le gouvernement", prédit un cadre de la CGT.

Mais pour le numéro 2 d'un syndicat réformiste, "ça ne veut pas dire que le mouvement nous échappe: les actions de blocage et les rassemblements pacifiques en journée se multiplient et ce sont les militants syndicaux à la baguette", assure-t-il.

Les transports et l'éducation très touchés?

L'ampleur de la mobilisation de jeudi déterminera la suite du mouvement. En cas d'échec, peu probable que l'intersyndicale appelle à de nouvelles manifestations. "C'est comme à la télé, s'il n'y a pas d'audimat, on supprime l'émission", ajoute ce syndicaliste.

Outre les manifestations, des difficultés sont à prévoir dans les transports. Surtout si vous devez prendre un TGV, un TER ou un Intercité jeudi. Le trafic sera très perturbé, plus encore que lors de la dernière journée de mobilisation le 15 mars. Avant même d'avoir donné ses prévisions exactes de trafic, la SNCF conseille donc aux voyageurs d'annuler ou de reporter leur trajet.

Les transports locaux seront aussi au ralenti. Aucun tramway et très peu de bus à Nice. Un tramway toutes les dix minutes à Dijon. À Paris, aucune ligne de métro fermée, mais une rame sur trois seulement aux heures de pointe sur la moitié du réseau.

Pas beaucoup mieux dans les aéroports. Un vol sur cinq est annulé au départ de Lyon, Marseille et Toulouse. Quasiment un sur trois depuis Orly. Les enseignants aussi devraient fortement se mobiliser. Le principal syndicat du primaire annonce 70% d'enseignants en grève ce jeudi, à Paris. Soit autant qu'avant la première journée de mobilisation, le 19 janvier.

Victor Joanin et Martin Bourdin avec Guillaume Descours