Rythme de vie, carrière,... le désenchantement généralisé des travailleurs français
Ayez de l’ambition ! C’est clairement l’appel lancé à la jeunesse, cette semaine, par la Première ministre Elisabeth Borne. Elle a dédié sa nomination à toutes les petites filles de France et en déplacement aux Mureaux dans les Yvelines elle leur a donné ce conseil :
"Il faut un rêve et se dire qu’on va y arriver. Il faut s’engager, travailler, de l’engagement, de la volonté. Mais le point de départ c’est un rêve et avoir confiance en soi."
Mais est-ce que toutes les petites filles, et tous les Français en général, rêvent encore de faire carrière ? Pas forcément. En tous cas, ce n’est plus l’objectif de vie numéro 1 des jeunes diplômés.Ils recherchent plutôt un métier qui a un impact positif sur la société. Deux étudiants sur trois préfèrent des postes moins rémunérés mais qui ont du sens. Ils sont mêmes prêts à gagner 12% de moins pour travailler dans une entreprise qui défend les mêmes valeurs qu’eux.
Autre critère important, celui du rythme de vie. Ingénieur à ENEDIS depuis 3 ans, Quentin a décidé de changer de vie. Actuellement, il fait les "trois-huit", travaille en matinée, en soirée ou de nuit. Après avoir demandé un congé sabbatique, il va partir en septembre faire le tour du monde et explique n'avoir "pas envie de travailler comme ça pendant 40 ans":
"Je réfléchis à avoir un meilleur emploi du temps, peut-être un peu moins d’argent, mais plus de plaisir."
Le déploiement dans l’urgence du télétravail a bouleversé notre rapport à l’entreprise et a offert de nouvelles libertés à de nombreux travailleurs qui veulent moins de contraintes. D’après une note Harris Interractive, le critère le plus important pour choisir une entreprise est la flexibilité des horaires et du travail.Un constat partagé par Inès, 24 ans. Elle vient de terminer ses études et sait ce qu'elle ne veut pas:
"Je ne veux pas me lever pour faire quelque chose que je ne veux pas. Je ne veux pas faire 50 heures par semaine et rentrer chez moi éclatée. Je ne cours pas après l’argent ou un grade. Je veux faire quelque chose qui me plaît et qui me laisse un peu de temps à côté."
En tout cas, le malaise semble généralisé: un tiers des Français disent que leur activité professionnelle a perdu tout sens à leurs yeux depuis le début de la pandémie selon un sondage OpinionWay. Une proportion qui grimpe à un sur deux chez les moins de 35 ans.
Les travailleurs s'inquiètent aussi pour leur santé mentale. Selon Google Trends, en 2020, le nombre de recherches sur internet liées au burn-out ont augmenté d'environ 40%. Selon une enquête menée par Empreinte humaine et Opinionway en octobre dernier, les cas de burn-out sévères ont grimpé de 25% entre mai et octobre 2021. Ces phénomènes ne sont pas nouveaux mais se sont accéléré avec le Covid-19, le télétravail et les confinements selon Benoit Serre, vice-président de l’association nationale des DRH, obligeant les employeurs à s’adapter:
"On évolue dans notre modèle de management pour donner plus de temps, de libertés, d’autonomie, soit parce qu’on a la conviction que c’est le bon choix, comme pour moi, soit parce qu’on n’a pas le choix."
Cette nouvelle organisation du travail prendra encore un peu de temps à se mettre en place, explique-t-il aussi, car des changements trop rapides risqueraient, selon lui, de déséquilibrer les entreprises.Mais il ne faudra pas non plus trop attendre, car les Français n'hésitent plus à tout quitter: les démissions sont en hausse de 17% au quatrième trimestre 2021 par rapport à la même période en 2019.