Six étudiants infirmiers sur dix ont déjà pensé à arrêter leur formation
De plus en plus d’étudiants infirmiers songent à jeter l'éponge. C'est ce que révèle une enquête sur le bien-être de ces étudiants de santé, publiée ce mercredi par la Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières.
Ils sont près de 6 sur 10 à avoir déjà pensé à arrêter leur formation. Parmi eux, près de 84% y ont pensé il y a moins d'un an, ce qui montre l'urgence de la situation. Ce dernier chiffre est en augmentation de 10 points en 5 ans.
Des étudiants qui pensent stopper leurs études, alors même que l'hôpital public a cruellement besoin d'eux et que bon nombre de services d'urgence sont obligés de fermer partiellement ces dernières semaines par manque de personnel.
Lucie est en 2e année d'école d'infirmière, à Brest. Elle est à la moitié de la formation, et elle a déjà pensé à tout arrêter.
“J’ai fait mon premier stage en Ehpad. J’idéalisais beaucoup le métier au départ et on tombe de haut, notamment au relationnel par exemple”, confie-t-elle.
60.000 infirmiers manquant
Marine, elle, est diplômée depuis moins d'un an, mais elle a bien failli ne jamais l'être à cause, là aussi, d'une mauvaise expérience pendant un stage. “Un anesthésiste parlait d’une patiente qui était en train de décéder, et il a dit à la relève, ‘Je vais passer dans sa chambre cinq minutes et elle meurt très rapidement’. Il a insinué qu’il allait accélérer les produits pour la faire mourir plus rapidement. Le turn-over des patients humains n'était plus là. C’étaient des lits. C’est très dur à encaisser émotionnellement parlant”, explique-t-elle.
Tous les ans, 10% des étudiants abandonnent, cela représente près de 9.000 infirmiers de moins. Alors que les hôpitaux en ont besoin.
“On reste la première formation demandée sur ParcourSup, mais le taux de diplômés n’augmente pas voire baisse. Il manque environ 60.000 infirmiers. Il faut que les professionnels sortent et aujourd’hui ils ne sortent pas”, indique Mathilde Padilla, présidente de la Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières.
Une fédération qui propose une première solution: former des tuteurs de stages, au sein des services, pour mieux encadrer les étudiants et éviter de les dégoûter du métier.