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Stagiaires précaires: "Il y a trop de stagiaires qui vont aux Restos du cœur"

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Alors que le gouvernement va rapidement s’atteler à la loi Travail II, d’anciens stagiaires en appellent au gouvernement et veulent en profiter pour réfléchir au statut de ces précaires.

Marine Dufour, ancienne stagiaire, a lancé la pétition "pour une gratification décente des stagiaires précaires".

"Je ne suis plus stagiaire, mais je l’ai été. Dans mon groupe d’amis, on s’est rendu compte qu’on avait quand même tous galéré pendant nos stages. Et certains plus que d’autres. Moi j’ai la chance d’avoir été aidée par mes parents, j’arrivais à vivre avec un stage à 550 euros. Mais pour d’autres, c’est beaucoup plus compliqué. Et c’est injuste. J’ai des proches qui ont refusé des stages dans des boites super parce que c’était impossible de vivre avec si peu d’argent.

Faire un stage c’est primordial pour nos CV et nos connaissances. Mais malheureusement tout le monde ne peut pas se le permettre. Cette pétition est là pour ça: profiter du nouveau gouvernement et de la préparation de la loi Travail II. On s’est dit que c’était le moment de faire quelque chose pour les générations futures. Et on sent qu’il y a un élan.

"Tout le monde s’en plaint mais personne ne fait grand-chose"

Ce problème-là tout le monde s’en plaint mais personne ne fait grand-chose. Il y a souvent trop de stagiaires par rapport au nombre de salariés dans l’entreprise, ou des soucis sur les délais de carence. On nous répond que quand on est en cours on n’est pas payé. Mais quand on est étudiant et qu’on n’a pas de moyens, on peut arranger nos horaires de cours pour prendre un petit boulot. Mais quand on fait 40 ou 50 heures par semaine on n’a pas le temps. Donc le seul argent c’est les 550 euros ou alors il faut travailler le week-end.

Pour des gens qui vivent en province, qui n’ont pas beaucoup de moyens, payer un appartement à Paris, c’est compliqué. Moi je n’ai jamais eu à manger des pâtes à la fin du mois mais c’est une vérité pour beaucoup de monde. Quand on est stagiaire on a l’impression qu’on n’a pas notre mot à dire et qu’on déjà être bien content d’avoir un stage. Les stagiaires ne se rendent pas compte que leur voix compte et que ce sont des citoyens comme les autres.

"C’est de la main d’œuvre pas cher"

Les différents gouvernements n’ont pas spécialement écouté les stagiaires. Et les entreprises font du lobbying. Evidemment, elles n'ont pas envie qu'on leur demande de payer plus cher leurs stagiaires. C’est de la main d’œuvre pas cher. Mais ce n’est plus possible: j’ai trop d’amis qui vivent chez des copains, ou qui sous-louent des apparts, voire qui vont au Restos du Cœur.

On pourrait imaginer trois zones dans lesquelles les salaires de stagiaires seraient différents, en fonction du coût de la vie sur place. Ensuite on peut imaginer une pondération en fonction de la taille de l’entreprise. Ce n’est pas normal que des grands groupes emploient des stagiaires pour faire un vrai travail. J’ai des amis qui avaient des gens sous leur responsabilité en étant stagiaire.

En France on n’est pas tous à égalité face au stage. Quelqu’un qui ne peut pas faire de stage parce qu’il n’y a pas de moyens, c’est vraiment injuste. Donc on souhaite interpeller la ministre du Travail et celle de l’Enseignement supérieur. Mais le but c’est aussi que les gens donnent leur avis et fassent des propositions. On veut être des lanceurs d’alerte".

Propos recueillis par Antoine Maes