Travailler jusqu'à 66,5 ans? La proposition choc du Conseil d'orientation des retraites

Tout part des prévisions actualisées que vient de publier le Conseil d’orientation des retraites, nouvelle formule, dirigée par l’économiste Gilbert Cette. Des prévisions qui sont plus optimistes à l’horizon 2030 que celles publiées il y a un an. Mais plus pessimistes à l’horizon 2070. Le déficit à l’horizon 2030 sera deux fois moins élevé que ce qui était prévu (6,6 milliards d’euros au lieu de 12, c'est donc 0.2 point de PIB), mais il le sera deux fois plus à l’horizon 2070 (1,4% du PIB au lieu de 0,8).
Parce qu’il y aura plus de dépenses et moins de recettes que prévu il y a un an. Pour éviter les déficits, le COR fait une proposition choc: repousser l’âge de départ à la retraite de 64 à 66,5 ans.
Travailler davantage
Faire des prévisions jusqu’en 2070, ça n’a pas vraiment de sens. On ne sait pas ce que sera la productivité par exemple. On sait un peu comment sera la démographie, mais c'est tout. Mais ce n’est pas l’essentiel de ce qu’il faut retenir du rapport du COR.
Ce que dit le Conseil, c’est qu’il y a 4 options pour redresser les comptes des retraites: raboter les retraites prélèvements, augmenter les cotisations pour les salariés, les augmenter pour les employeurs, ou cotiser donc travailler plus longtemps. Et cette option, c’est la seule qui n’a pas d’impact négatif sur la croissance et notre niveau de vie à long terme. Le message: une seule solution pour sauver les retraites, travailler davantage.
Propositions du conclave
Mais il n’y a pas que l’augmentation de l’âge de départ à la retraite qui permet de travailler plus. Les syndicats, qui participent au conclave sur les retraites, peuvent se mettre d’accord sur d’autres propositions. Tout le monde est d'accord sur ce point, les syndicats aussi. Ce n'est pas nécessairement de décaler l'âge de départ à la retraite, mais bien de travailler plus.
Et ce n’est pas impossible que le conclave débouche sur des propositions dans ce sens. Les 2 syndicats les plus hostiles à la réforme de 2023 ont depuis longtemps quitté la négociation: CGT et FO. Et l'U2P, le patronat des artisans-commerçants, a suivi en mars.
Plusieurs solutions
Un compromis est possible entre âge de départ et durée de cotisation, avec, par exemple, 63 ans mais une durée de cotisation augmentée de 43 à 44 ans. Cela permettrait de sauver la face des syndicats arc-boutés sur l'âge de départ.
L'idée d'indexer des paramètres à l'évolution de l'espérance de vie est aussi une piste. Ça peut-être l'âge de départ, la durée de cotisation voire le montant des pensions. L'autre annonce choc serait un compromis sur la mise en place d'une dose de capitalisation à côté de la répartition. Peut-être des avancées aussi sur le travail des seniors et la retraite progressive, même si la question des métiers pénibles reste un sujet sans réponse.
Ce conclave pourrait donc déboucher sur des propositions qui permettront de travailler davantage sans aller plus loin. Ce qu'il faut retenir: il faut plus de travail globalement en France.