Algérie: "Macron a été piqué dans son orgueil", réagit le comité de soutien à Boualem Sansal

"Il était temps que la France hausse le ton. On a pris du retard", réagit ce jeudi sur RMC Noëlle Lenoir, présidente du comité de soutien à Boualem Sansal.
La veille, Emmanuel Macron a demandé au gouvernement d'agir "avec plus de fermeté et de détermination" à l'égard de l'Algérie, prenant acte de l'inflexibilité des autorités algériennes sur les questions migratoires et sur la détention de deux ressortissants français que la France juge arbitraire.
Des "interlocuteurs mals intentionnés"
L'ancienne ministre de Jacques Chirac croit remarquer "la forte exaspération" du chef de l'État, face à des "interlocuteurs mals intentionnés, pas de bonne foi et non-fiables". Et elle se félicite qu'Emmanuel Macron reprenne "peu ou prou, les termes de Bruno Retailleau, qui est devenu la bête noire du gouvernement algérien. Il a acquis une notoriété internationale, paradoxalement", pointe-t-elle.
"Il y a eu une mauvaise évaluation de la part de la France, et du Président lui-même, sur la nature du pouvoir algérien, qui emprisonne quotidiennement des opposants politiques", juge Noëlle Lenoir, présidente du comité de soutien à Boualem Sansal.
Emmanuel Macron motive le tour de vis justement par la situation de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, condamné à 5 ans de prison ferme notamment pour "atteinte à l'unité nationale", et du journaliste français Christophe Gleizes, condamné à sept ans de prison en Algérie pour "apologie du terrorisme". Paris juge arbitraires leurs condamnations et demande leur libération.
"On pense qu’il fallait utiliser beaucoup plus tôt les leviers disponibles, car on ne peut pas opter uniquement pour une démarche diplomatique, "la joue tendue". Quand on lit la presse algérienne, c’est épouvantable ce qu’on peut y lire sur la France" poursuit Noëlle Lenoir.
"Emmanuel Macron a été piqué dans son orgueil par le traitement privilégié accordé à Giorgia Meloni, lorsqu’elle s’est rendue en Algérie", considère Noëlle Lenoir
Pas de geste humanitaire
Pour Boualem Sansal, octogénaire et malade, à l'Elysée, on espérait encore en juillet que l'essayiste puisse bénéficier d'un geste humanitaire, ce qui aurait permis d'apaiser les tensions diplomatiques. En vain.
"On reçoit quelques nouvelles épisodiques. On ne peut pas en savoir beaucoup plus, sauf que son épouse, elle aussi gravement malade et sur place, a l’autorisation de le voir tous les cinq jours pendant quelques heures. Elle dit que c’est "convenable", mais ne peut rien dire, car elle est surveillée", fustige Noëlle Lenoir.
Faut-il revoir les accords de 1968?
La présidente du comité de soutien à l'écrivain plaide notamment pour que le gouvernement revienne sur les accords de 1968 et mais aussi l'accord d’association UE–Algérie, qui permet un "regroupement familial quasiment sans contraintes pour les ressortissants algériens".
De son côté, le président de la République appelle à suspendre "formellement" l'accord de 2013 avec Alger "concernant les exemptions de visa sur les passeports officiels et diplomatiques".