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Etats-Unis: comment le conflit israélo-palestinien a contraint à l'arrêt des cours à Columbia

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Les cours sont arrêtés dans l'une des facs les plus prestigieuses des Etats-Unis, Columbia, à New York. Cela fait suite à plusieurs incidents sur fond de conflit israélo-palestinien. La police a même dû intervenir et le président Joe Biden a également dénoncé des manifestations antisémites.

Aux Etats-Unis, les débats sur Gaza provoquent de fortes tensions dans les universités. Des violences ont eu lieu sur le campus de la fac de Columbia. Le président américain Joe Biden est intervenu pour dénoncer des manifestations antisémites.

Dans les facs américaines, le mouvement de soutien aux Palestiniens et contre la guerre à Gaza n’a cessé de prendre de l’ampleur depuis le 7 octobre et il continue de s'amplifier au fur et à mesure de la publication des bilans humains des bombardements israéliens sur Gaza. Mais depuis une semaine, ce mouvement a pris une autre tournure à Columbia. Cette fac est l’une des plus prestigieuses et des plus anciennes universités des Etats-Unis. Elle est située au cœur de New-York, elle a formé 103 prix Nobel. Mais depuis lundi, elle est fermée et gardée par la police.

Tout a commencé mercredi dernier, raconte le journal Le Monde. La présidente de Columbia, qui est une économiste d’origine égyptienne, a été interrogée par une commission du Congrès qui enquête sur la question du wokisme dans les universités, c'est-à-dire la question de savoir si les facs sont d'extrême gauche. C’est devant cette commission d'enquête que trois présidentes de grandes universités s'étaient noyées en décembre dernier en refusant de condamner clairement d'éventuels appels aux meurtres contre les Juifs.

Ne voulant pas se faire piéger, comme ses collègues en décembre, la présidente de Columbia s’est donc montrée très prudente, et elle s’est par exemple félicitée d’avoir sanctionné un professeur qui avait défendu le Hamas. Mais ce sont ces propos qui ont mis le feu aux poudres.

Des incidents dans d'autres universités

Mercredi soir, des étudiants ont créé un camp de tentes au cœur du campus et ont décidé de dormir sur place. La présidente a demandé à la police d’intervenir, ce qui n'était pas arrivé depuis 25 ans. Et de fait, la police a évacué les campeurs et arrêté plus d’une centaine d'étudiants, qui vont maintenant passer devant un conseil de discipline.

Mais depuis, le calme n’est pas revenu, au contraire. Le nombre de tentes a augmenté et le campus est toujours occupé. Ce qui a conduit à la fermeture de la fac et à l'arrêt des cours en présentiel.

Ce mouvement d'occupation a aussi été marqué par des propos antisémites. New York est une ville qui accueille une grosse communauté juive. Les étudiants juifs représentent 15% des effectifs de la fac de Columbia. Certains soutiennent le mouvement de solidarité avec les Palestiniens, mais d’autres se sentent en insécurité. Samedi, un drapeau israélien a été brûlé, un étudiant juif a reçu des pierres. Un professeur juif a été prié de quitter le campus parce que sa sécurité ne pouvait être assurée. Une pancarte a désigné les étudiants juifs comme les prochaines cibles du Hamas.

C’est l'accumulation de ces incidents qui a conduit Joe Biden à intervenir. D’autant que l’université de Columbia n’est pas un cas isolé. À Yale aussi, une soixantaine d'étudiants ont été arrêtés pour une occupation illégale. Des manifestations pro-palestiniennes qui ont entraîné des tensions dans de très nombreux campus à travers le pays.

Tout cela ressemble aussi à ce qui se passe à Sciences Po, en France. À la mi-mars, une étudiante avait affirmé n’avoir pas pu rentrer dans un amphi où se tenait une réunion sur la Palestine, parce qu’elle était juive. Ce qui avait été contesté par les organisateurs. Gabriel Attal s'était aussitôt rendu sur place pour assister à un conseil d'administration, ce qui était sans précédent.

Nicolas Poincaré