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Gaza: pourquoi les excuses du Hamas aux habitants ne feront pas oublier la réalité

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Le Hamas a présenté ses excuses aux habitants de Gaza pour les souffrances causées par la guerre en Israël. C’est une première depuis le début de la guerre, il y a bientôt six mois.

C’est un curieux texte que le Hamas a publié sur sa chaîne Telegram. Le mouvement au pouvoir dans la bande de Gaza présente ses excuses à la population pour les difficultés et les souffrances causées par la guerre contre l'armée israélienne. Le texte remercie le peuple de Gaza et parle de son épuisement. Mais c’est tout. Le Hamas s’excuse mais ne reconnaît pas pour autant une responsabilité dans le déclenchement de cette guerre le 7 octobre et il ne promet pas non plus de tenter d’y mettre fin. Au contraire, il annonce la poursuite des combats jusqu'à "la victoire et la liberté".

Pas d’allusion aux otages détenus par le Hamas, pas de référence non plus aux négociations qui se poursuivent pour obtenir une trêve en échange des otages… Ces excuses sont surtout une façon pour le mouvement islamiste de s’adresser à la population et d’essayer de faire croire qu’il est encore aux commandes.

Mais en réalité, à Gaza, il n'y a plus d'administration, plus de police, plus de justice, plus de ramassage des ordures… Les hommes du Hamas ne sont visibles nulle part et les dirigeants vivent cachés. Un des rares Français qui a pu passer dix jours au sud de la bande de Gaza a témoigné la semaine dernière dans Libération. Alexandre Chatillon dirige une organisation humanitaire, "Super Novaé".

Il décrit un territoire qui "pue", et il le dit comme ça parce qu’il n’y a pas d'autres mots. Les déchets s’accumulent, les gens n’ont pas accès à l’eau et aux sanitaires, ils ne peuvent pas se laver… Il décrit enfin une violence partout et tout le temps avec, dans les camps, chaque famille un peu aisée qui a recours à des jeunes armés pour assurer sa sécurité. Selon ce responsable humanitaire, la population de Gaza dans son écrasante majorité rejette le Hamas en disant: "C’est lui qui nous a mis dans cette situation-là". La lettre d’excuse du Hamas ne fera pas oublier cette réalité…

L’armée israélienne revendique sa "plus grande victoire" à l’hôpital Al-Shifa

L'armée israélienne, elle, a quitté le plus grand hôpital de Gaza, Al-Shifa, ce lundi. C’est la fin d'une bataille qui aura duré deux semaines. Les blindés israéliens étaient revenus dans l’enceinte de l'hôpital le 18 mars. Deux semaines avec des combats rapprochés dans les couloirs de l'hôpital où se trouvaient au départ 6.000 personnes. Le Hamas affirme que cette bataille a fait 300 morts, dans l'hôpital mais surtout autour, parce que l’aviation israélienne a bombardé les immeubles voisins qui ont été rasés. Les images en témoignent, même si le chiffre de 300 morts est invérifiable.

Dans l'hôpital, les combats ont fait une vingtaine de morts selon le directeur de l’OMS. Selon lui, il restait une centaine de patients dans l'hôpital qui n’avaient que quelques bouteilles d’eau à se partager… Après le départ des chars israéliens, des milliers de Gazaouis sont venus constater les dégâts. Il ne reste quasiment rien de ce qui était l'hôpital le plus moderne de Gaza.

Mais les Israéliens parlent de leur plus grande victoire depuis le début de la guerre. Et c’est vrai, de leur point de vue. Ils annoncent avoir tué 200 hommes armés et arrêté plusieurs centaines de terroristes qui ont été transférés en Israël. Le chiffre de 900 prisonniers a été avancé. Et parmi eux, se trouveraient de hauts responsables militaires du Hamas. L'armée israélienne affirme avoir découvert de nombreuses armes cachées sous les lits ou même dans les oreillers ou encore dans les plafonds. Si ces chiffres sont exacts, 200 combattants tués et près d’un millier de prisonniers, c’est effectivement la victoire la plus significative depuis le 7 octobre pour l'armée israélienne.

Nicolas Poincaré