Guerre au Proche-Orient: "C'est la pire crise de l'histoire du conflit israélo-palestinien"

Les combats continuent au Proche-Orient. Cette nuit, six personnes ont été tuées par une frappe israélienne sur un centre de secours du Hezbollah en plein cœur de Beyrouth, après une journée marquée par des combats au sol dans le sud du Liban où huit soldats israéliens ont péri. La veille, c'est Israël qui a été touché par une pluie de missiles iraniens.
"On est au-delà de l'escalade, on est dans une phase d'embrasement généralisé", s'inquiète ce jeudi sur RMC et BFMTV l'historien Vincent Lemire, ancien directeur du centre de recherche français à Jérusalem et auteur de la bande-dessinée à succès "L'histoire de Jérusalem".
"Netanyahu a intérêt à l'embrasement"
Il s'attend à une riposte d'Israël "forte" après les tirs de missiles iraniens. Une riposte qui va dans le sens des intérêts du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et du Hamas: "Netanyahu a intérêt à l'embrasement, il a besoin d'effacer le fiasco du 7 octobre, de consolider l'opinion publique et embarquer les Etats-Unis avec lui avant les élections le 5 novembre prochain".
"Le Hamas aussi a intérêt à l'embrasement, le 7 octobre a été déclenché pour ça. La seule bonne nouvelle, c'est que deux acteurs n'y ont pas intérêt, l'Iran et le Hezbollah libanais", ajoute Vincent Lemire, alors que le président iranien a assuré ce mercredi ne pas vouloir la guerre avec Israël.
"Une descente aux enfers" et des acteurs qui ne maîtrisent plus rien
Voilà la seule lueur d'espoir. Pour le reste, c'est "une descende aux enfers". "On est en guerre, la guerre est en cours. On est dans une course à l'abîme, c'est une descente aux enfers. Les acteurs ne maîtrisent plus les termes de l'escalade", prévient l'historien.
"C'est la pire crise de l'histoire du conflit israélo-palestinien", s'inquiète Vincent Lemire. "L'attentat du 7 octobre, c'est 1.200 morts en une seule journée. A l'échelle de la France, c'est 9.000 morts. Gaza, c'est 42.000 morts environ. A l'échelle de la France, ça fait 1,5 million de morts, dont 1 million de femmes et enfants".
Un cessez-le-feu à Gaza pour tout régler?
Un bilan humain considérable alors que la première intifada, de 1987 à 1993, coûta la vie à 1.000 Palestiniens sur tout le territoire. "Là, on a 40 fois plus de morts en cinq fois moins de temps et sur un tiers du territoire. Pareil au Liban, il y a déjà 1.500 morts et 100.000 réfugiés en Syrie. Vous vous rendez compte?", interroge Vincent Lemire.
Selon l'historien, une porte de sortie pacifique aurait pu passer par un récent cessez-le-feu à Gaza, proposé il y a encore une semaine. "Ça aurait tout réglé d'un coup: libération des otages israéliens encore en vie, protection des populations civiles de Gaza et stabilisation de la frontière nord. Netanyahu avait d'autres choix, mais il a l'intérêt à l'escalade et l'embrasement", insiste Vincent Lemire.