Guerre Israël-Hamas: ce que contient la nouvelle proposition de trêve

Israël propose au Hamas une trêve de deux mois en échange de la libération de tous les otages. Une proposition qui intervient alors que la situation à Gaza ne cesse de se détériorer. C’est le paradoxe: en coulisses, on prépare l'après-guerre alors que sur le terrain, c'est un cauchemar.
Des combats acharnés ont eu lieu ce mardi toute la journée autour de Khan Younès, la deuxième ville de la bande de Gaza, qui est maintenant encerclée par l'armée israélienne. Et l’ONU, une nouvelle fois, dénonce la famine qui touche de plus en plus de Palestiniens…
Les combats font des morts des deux côtés. Lundi, 24 soldats israéliens ont été tués, dont 21 réservistes. Ils étaient en train de miner un immeuble à Khan Younès lorsque le Hamas a tiré une roquette. L’immeuble s’est effondré sur les soldats. 24 morts en une journée, c’est le pire bilan pour l'armée israélienne depuis le début de ses opérations dans la bande de Gaza. La preuve que le Hamas est encore opérationnel militairement.
Et c’est dans ce contexte que les Israéliens font une proposition de trêve, transmise aux Qataris et Égyptiens qui mènent les négociations. Israël propose au Hamas une deuxième trêve, après celle qui avait permis en novembre la libération d’une centaine d'otages en dix jours. Cette fois, la pause dans les combats et les bombardements pourrait être beaucoup plus longue et durer deux mois, en échange de la libération de tous les otages. Il en reste officiellement 138, mais une trentaine seraient morts.
Plusieurs étapes sont proposées par les Israéliens. La première permettrait la libération des femmes civiles et des hommes de plus de 60 ans. Viendraient ensuite les femmes soldates et les hommes civils de moins de 60 ans. La troisième étape verrait la libération des derniers otages, c'est-à-dire les hommes militaires. Enfin, la dernière étape serait la restitution des corps des otages tués pendant leur détention.
En échange, Israël propose la libération de très nombreux prisonniers palestiniens. Certains dans le cabinet de guerre israélien se disent même prêts à libérer la totalité des prisonniers palestiniens. Et on parle de 5 à 7.000 prisonniers, y compris des terroristes condamnés pour des attentats meurtriers.
C’est par exemple la position que défend Gadi Eizenkot, un ancien chef d'état-major de l'armée israélienne qui juge impossible une victoire militaire face au Hamas et qui se dit donc prêt à cet échange spectaculaire. Tous les otages israéliens contre tous les prisonniers palestiniens.
Une très forte pression des familles d’otages
Les Israéliens proposent aussi que pendant cette trêve, leurs troupes se redéployent dans la bande de Gaza en quittant les grandes agglomérations. Et la population de la ville de Gaza, qui avait été chassée vers le sud, pourrait recommencer à revenir. Ce ne serait pas la fin de la guerre, mais tout de même peut-être le début de la fin. Ou l’esquisse d’une sortie de crise…
Ce n’est pour l’instant qu’une proposition israélienne. Et il faut se méfier. Juste avant Noël, les négociateurs qataris pensaient déjà être très proches d’un accord pour une trêve et des échanges d'otages contre prisonniers. Mais finalement, le plan n’avait pas abouti.
Un mois plus tard, voici donc une nouvelle offre du gouvernement israélien. Un gouvernement qui est sous une très forte pression des familles d’otages. Lundi, des dizaines de proches des otages ont fait irruption en plein débat à la Knesset, le parlement israélien.
Des journaux israéliens indiquent par ailleurs que le Mossad, les services secrets, serait prêt à proposer aux principaux chefs du Hamas de pouvoir quitter Gaza pour s'installer à l’étranger. Cela permettrait de "décapiter" le mouvement terroriste en le privant de ses dirigeants, qui eux pourraient sauver leur peau… Même si cela ne veut pas dire que le Mossad ne tentera pas plus tard d’assassiner les leaders du Hamas, là où ils auront trouvé refuge.