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Guerre Israël-Hamas: pourquoi l’appel au cessez-le-feu d’Emmanuel Macron est vain pour le moment

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Pour la première fois, Emmanuel Macron a appelé au cessez-le-feu entre Israël et le Hamas ce jeudi. Mais l’Etat hébreu et les Etats-Unis ne l’envisagent pas du tout dans l’immédiat.

Emmanuel Macron a appelé ce jeudi à un cessez-le-feu à Gaza. C’est la première fois que la France fait cette proposition mais elle a peu de chances d'être entendue… Aucune chance, même, que cet appel soit entendu dans l'immédiat puisqu'Israël et les Etats Unis ont rejeté l’idée. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a exclu ce jeudi pour la énième fois toute idée de cessez-le-feu tant que les otages ne seront pas libérés. Et Joe Biden a aussitôt renchéri. On a demandé au président américain quelles étaient les possibilités de voir intervenir un cessez-le-feu et il a répondu: "Aucune. Aucune possibilité".

Emmanuel Macron s’exprimait lui dans le cadre d’une conférence organisée à l’Elysée. Il parlait essentiellement devant les représentants des organisations humanitaires. Il a donc tenu des propos “humanitaires” en faveur d’une pause dans les combats, mais à court terme cette nouvelle position française ne va rien changer à la situation sur le terrain…

Il y a tout de même des négociations en cours pour aboutir à une trêve humanitaire. Des discussions ont eu lieu au Qatar avec la participation de l’Egypte et le soutien des Etats-Unis. Une proposition a été mise sur la table. Israël accepterait trois jours de cessez-le-feu en échange de la libération de 12 otages dont six américains. Il a aussi été question de cinq jours de trêve contre 15 otages. Mais selon le quotidien britannique The Guardian, ces négociations ont échoué. Benyamin Netanyahu a refusé l’idée d’un arrêt des combats contre une poignée d’otages…

Les Israéliens, en revanche, acceptent des pauses de quelques heures. Ce sont les Américains qui l’ont annoncé. L'armée israélienne fera des pauses de quatre heures dans le nord de la bande de Gaza, des pauses qui seront annoncées trois heures à l'avance. Et cela a commencé dès ce jeudi. L’objectif des Israéliens est toujours le même. Vider le nord de la bande de Gaza de sa population civile pour pouvoir mener ses combats contre le Hamas.

Depuis 48 heures, l'armée israélienne a commencé à emmener des journalistes dans la bande de Gaza pour filmer ses opérations. On a donc pu découvrir l’ampleur des dégâts au nord de la ville de Gaza et les images de l’exode des derniers habitants. Mercredi, environ 50.000 personnes ont fui un camp de réfugiés pour partir vers le sud à pied et sans bagage… C'était une immense colonne de civils marchand sur une autoroute, certains brandissaient des drapeaux blancs, d’autres poussant des fauteuils roulants pour les plus âgés…

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Expliquez-nous par Nicolas Poincaré : Gaza, Macron veut "œuvrer à un cessez-le-feu" - 10/11
Expliquez-nous par Nicolas Poincaré : Gaza, Macron veut "œuvrer à un cessez-le-feu" - 10/11
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Les Américains commencent déjà à réfléchir à l'après-guerre

Israël encourage ces dizaines de milliers de personnes à se rendre dans le sud et en particulier dans une zone agricole, à Al Mawasi. C’est au bord de la mer et à proximité de la frontière égyptienne. Israël voudrait en faire une zone humanitaire sure. Un nouveau camp de réfugiés qui pourrait recevoir de l’aide en provenance de l'Egypte. Mais les responsables de l’ONU jugent que cette zone est bien trop petite pour accueillir les centaines de milliers de Gazaouis qui ont fui le nord. Et n’il n’y a aucune infrastructure, ni bâtiments, ni tente, ni eau, ni toilettes… Les Etats-Unis eux-mêmes dénoncent ce qui est en train de se passer, c'est-à-dire des déplacements forcés de population.

Et les Américains commencent déjà à réfléchir à l'après-guerre. Le secrétaire d’Etat Antony Blinken a dressé quelques grandes lignes. Avec quelques principes non négociables: que les Palestiniens ne soient pas chassés de Gaza, que Gaza ne serve plus au Hamas de plateforme pour le terrorisme, qu'Israël ne réoccupe pas durablement la bande de Gaza. Ce qui laisse la place a peu de solutions. Soit la prise du pouvoir de l’Autorité palestinienne, une fois le Hamas mis hors-jeu. Soit l'installation d’une force internationale. Soit les deux à la fois…

Mais ce sont des solutions à moyen terme. Pour l’instant, ce qu’il se passe, c’est une guerre et une catastrophe humanitaire. Et ceux qui appellent à un cessez-le-feu, comme Emmanuel Macron, prêchent dans le désert.

Nicolas Poincaré