"Il n’y a plus que des morts": au Maroc, l'arrivée des secours semble trop tardive

L’aide internationale est enfin arrivée dans la province d’Al-Haouz, la région la plus ravagée par le séisme de magnitude 6,8 qui a frappé l’ouest du Maroc. Le gouvernement marocain a autorisé dimanche soir le Royaume-Uni, l’Espagne, les Émirats Arabes Unis et le Qatar à prêter main forte.
Les premières équipes ont tenté ce lundi de sauver ceux qui pouvaient encore l’être et fournir l'assistance à des centaines de sans-abris, près de 72 heures après le séisme. Ce séisme, le plus meurtrier dans le royaume depuis plus de soixante ans, a dévasté vendredi soir des villages entiers, faisant 2.862 morts et 2.562 blessés, selon le dernier bilan publié lundi.
A Imi N’tala, en plein cœur de l'Atlas, au milieu des habitations pulvérisées sous un flanc de montagne effondré, un instant d’effervescence dans la désolation. Un habitant demande une cisaille pour libérer un corps, un autre explique aux pompiers étrangers où se trouve l’imam du village. L’arrivée des convois étrangers est comme un regain d’espoir pour Abdallah. Il est le frère du religieux.
"On avait déjà bien creusé depuis trois jours, mais je me suis senti rassuré quand ils ont dit qu’ils étaient encore un peu vivants. Puis ils m’ont dit qu’un pilier lui est tombé dessus donc on a su qu’il était mort”, indique-t-il.
"On est en retard"
Un choc de plus, sans avoir plus de force pour l’encaisser. La frustration existe aussi du côté des sauveteurs. Certains sont venus avec leurs chiens depuis les Pays-Bas, comme Saad. “Je suis déçu, en colère, très triste”, dit-il, lui qui a fait déjà neuf missions sur des séismes.
“Nous sommes juste en retard. Il y a eu plein de problèmes administratifs. Nous avons perdu un jour et je peux voir le résultat. Il n’y a plus que des morts. Quand il y a un séisme, vous devez être sur place en 48h, car avec cette température, la décomposition des corps commence tôt”, explique-t-il.
Sans les dépouilles de leurs proches, beaucoup d’habitants refusent de quitter leur village, même pour se mettre à l’abri.