Israël: "C'est une faille des renseignements militaires", estime Frédéric Encel

Comment expliquer une telle attaque? Au lendemain de l'envoi de milliers de roquettes vers Israël et de l'infiltration sur le sol de l'Etat hébreu de nombreux combattants du Hamas, des questions se posent sur l'ampleur inattendue et la surprise de cette offensive. Pour Frédéric Encel, auteur des "100 mots de la guerre", docteur en géopolitique et professeur à Sciences-Po Paris, les services de renseignements israéliens ont été mis en échec.
"C'est une faille des renseignements militaires non seulement dans Gaza mais aussi de la capacité physique pour protéger la clôture de Gaza, il y aura une commission d'enquête qui va se mettre en place mais également une riposte à la hauteur de l'hébétude des Israéliens", explique-t-il dans la Matinale Week-End ce dimanche sur RMC.
L'ancien porte-parole international de l'armée israélienne, Jonathan Conricus, a déjà critiqué un "échec du renseignement israélien", qui n'aurait pas non plus anticipé cette situation, au lendemain de l'anniversaire des 50 ans de la guerre de Kippour.
Tel-Aviv est pourtant connue pour avoir comme atout de poids des services secrets de pointe. C'est par exemple au sein de l'État qu'a été mis au point le logiciel espion décrié Pegasus, fruit de l'entreprise de cybersécurité NSO.
Sur i24News, le porte-parole de Tsahal, l'armée israélienne, a reconnu la surprise et la défaillance du pouvoir face à cette attaque éclair.
L'attaque survient aussi alors qu'Israël et le gouvernement de Benjamin Netanyahou sont pris dans une zone de turbulences. Depuis cet été, le pays a été traversé par des manifestations massives contre un projet de réforme de la justice.
La condamnation de la communauté internationale
Face à la gravité de la situation, le Conseil de sécurité de l’ONU tiendra une réunion d’urgence ce dimanche. Plusieurs pays ont, eux, affiché leur soutien au côté israëlien (Etats-Unis, France, Canada,, Ukraine...), mais aussi du côté palestinien (Syrie, Iran, Yemen...).
"Les États-Unis , la France et le Royaume-Uni condamnent le Hamas mais il y a un point d'interrogation sur l'abstention de la Chine et de la Russie. Cette guerre pourrait s'étendre à une guerre internationale", estime Frédéric Encel.
"Dans la région, c'est l'autorité palestienne qui est reconnue et légitime par les États-Unis, mais Mahmoud Abbas est inaudible, le Hamas rejette tout type de paix et reconnaissance vis-à-vis d'Israël mais également vis-à-vis de la Palestine. On a affaire à un jeu à trois et non pas à deux", ajoute ce spécialiste de géopolitique.
Lors de la guerre du Kippour en 1973, l'incapacité des services secrets à anticiper les attaques surprises de la Syrie et de l'Egypte avait mené à la démission de la Première ministre Golda Meir.