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Israël-Hamas: vers une nouvelle trêve à Gaza et une nouvelle libération d'otages?

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Peut-on espérer une nouvelle trêve à Gaza, en échange de la libération d’otages? Des négociations intensives sont en cours, avec de nombreux pays qui mettent la pression.

Cela ressemble à un roman d'espionnage, et ce n’est pas étonnant. Ce sont effectivement des espions qui sont à la manœuvre de la négociation d'une trêve à Gaza. A Varsovie (Pologne), lundi, une rencontre a eu lieu entre le directeur de la CIA américaine, William Burns, le patron du Mossad israélien, David Barnea, et le Premier ministre du Qatar. Et c’est là que l’on a commencé à reparler d’un cessez-le-feu à Gaza en échange de libération d'otages.

La journée de mercredi a marqué une nouvelle étape de ces pourparlers. Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, qui vit au Qatar, s’est rendu en Egypte pour discuter de ce plan avec le chef des services de renseignement égyptien, encore un maître espion.

Ce qui est sur la table, c’est un arrêt des combats pour une ou deux semaines. En échange, les Israéliens demandent la libération d’une quarantaine d'otages. Les femmes encore aux mains du Hamas ainsi que des hommes de plus de 60 ans, ou des otages blessés.

Israël accepterait de libérer des prisonniers politiques palestiniens. Mais cette fois, pas seulement des femmes ou des mineurs. Les Israéliens seraient prêts à relâcher des prisonniers plus importants, voire des prisonniers choisis par le Hamas.

Expliquez-nous par Nicolas Poincaré : Peut-on espérer une nouvelle trêve à Gaza ? - 21/12
Expliquez-nous par Nicolas Poincaré : Peut-on espérer une nouvelle trêve à Gaza ? - 21/12
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Plusieurs pays ont intérêt à obtenir le cessez-le-feu

Qui aurait aujourd’hui intérêt à ce cessez-le-feu? Presque tout le monde. En premier lieu le Hamas, qui subit des pertes et qui a besoin de se réorganiser. Après deux mois et demi de bombardements et de combats de rue, le mouvement terroriste désire une trêve pour ne pas sombrer.

L'Égypte fait aussi pression pour un cessez-le-feu, parce que les Egyptiens craignent avant tout d'être un jour obligés d’ouvrir leur frontière et d'accueillir des centaines de milliers de réfugiés de Gaza. Ce qui est hors de question pour eux.

Le Qatar est également très actif parce qu'il veut être un faiseur de paix et exister sur la scène internationale.

Les Etats-Unis, enfin, font pression parce qu'ils pensent que les bombardements israéliens sur Gaza n’ont que trop duré et qu'ils font trop de victimes civiles.

Mercredi, la Maison blanche a affirmé que les négociations en cours étaient “très sérieuses”. Les Américains souhaitent une à deux semaines de trêve, mais ne désespèrent pas d’obtenir un cessez-le-feu beaucoup plus long, voire un retrait des troupes israéliennes de Gaza.

L'opinion israélienne a basculé après la bavure de l'armée

Israël envoie des signaux contradictoires. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu tient toujours un discours intransigeant. Il dit que son pays continuera la guerre jusqu’au bout, c'est-à-dire jusqu'à l'élimination du Hamas. Mais dans le même temps, le président israélien Isaac Herzog a lui affirmé qu’il était favorable à la conclusion d’une nouvelle trêve.

La vérité, c’est que les dirigeants israéliens sont maintenant sous la pression de leur opinion et des familles d’otages. La bavure de l'armée qui a abattu trois otages israéliens à Gaza a été un point de bascule. D’autant que l'enquête montre que cet épisode a été encore plus dramatique et lamentable que ce que l’on croyait.

Les militaires israéliens savaient qu’il y avait possiblement des otages à eux dans le coin parce que quelqu'un avait réussi à écrire un message d’appel à l’aide en hébreu sur la façade d’un immeuble. Malgré tout, lorsque les trois otages sont sortis torse nu et en brandissant un drapeau blanc, un soldat israélien a ouvert le feu depuis le toit où il se trouvait. Il a abattu deux otages, puis il a donné des instructions pour poursuivre le troisième qui avait réussi à s'échapper et qui, à son tour, a été abattu.

Ce terrible ratage a perturbé les Israéliens à tous les niveaux, et c’est ce qui à contribué à les ramener à la table des négociations. On verra assez rapidement, dans les jours qui viennent, si ces discussions aboutissent.

Nicolas Poincaré (édité par J.A.)