Le Qatar veut offrir un avion majestueux à Donald Trump, l'opposition américaine crie à la corruption

Le président américain Donald Trump, en déplacement au Qatar à partir de mardi, s'est vu offrir un avion de luxe par le pays du Golfe. L'opposition américaine alerte sur un potentiel conflit d'intérêts.

Le président américain Donald Trump entame, mardi, une visite en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis et au Qatar. Avant même de poser le pied dans le Golfe, une controverse accompagne déjà son voyage officiel. La famille princière du Qatar veut lui offrir un avion de luxe, et plus précisément un Boeing 747-8 Jumbo flambant neuf.

La Maison Blanche a confirmé l’information et Donald Trump lui-même ne se démonte pas et assume. Un journaliste lui a demandé ce qu'il allait faire. "Laissez moi vous dire que vous devriez avoir honte de poser cette question. Il nous offre un jet gratuit. Je pourrais dire 'non je ne veux pas', ou alors je pourrais dire 'merci beaucoup'", lui a répondu le chef d'État américain.

Trump accusé de corruption

Pour Donald Trump, ce serait stupide de refuser. Il a également tenté de justifier ce cadeau en déclarant qu'il s'agissait d'un cadeau offert aux États-Unis, et non pas à lui. Mais cela n'a pas suffi pour éteindre la polémique. Ce présent inédit pose des questions de droit comme de sécurité.

La constitution des États-Unis interdit aux représentants américains de recevoir de tels cadeaux sans autorisation du Parlement. Il s'agit de la clause des émoluments. Cette ancienne règle anti-corruption permet d'éviter qu’un élu ne soit influencé par des puissances étrangères. "Aucune personne occupant une fonction officielle ne pourra, sans le consentement du Congrès, accepter de cadeau, traitement, poste ou titre (…), d’un roi, d’un prince ou d’un État étranger", précise la loi.

Le dossier compliqué par Matthieu Belliard : Un coûteux avion offert par le Qatar à Donald trump ? - 13/05

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Mais dans ce cas, plusieurs zones grises existent. L’avion pourrait être offert au Pentagone et non pas au président. Une autre hypothèse évoque un transfert ultérieur de la défense américaine à une fondation qui appartient à Donald Trump, la "Donald J. Trump Presidential Library", censée financer une bibliothèque et un musée des archives des mandats de l'actuel président américain. Un outil classique aux États-Unis, mais aussi une coquille qui peut recevoir des dons.

Ce cadeau du Qatar tombe à pic pour Donald Trump, qui se plaignait déjà lors de son premier mandat des appareils mis à sa disposition. Le chef d'État peut voyager à bord de deux Air Force One, le nom donné à tout appareil dans lequel le président des États-Unis se trouve. Il s'agit de deux Boeing 747 des années 90. Mais les problèmes se multiplient sur ces deux appareils entre pannes répétées, maintenance coûteuse et retards de remplacement.

Un palace dans le ciel

Le Boeing 747-8 Jumbo offert par le Qatar est un véritable palace dans le ciel. Ce dernier est le plus grand avion de ligne jamais construit outre-Atlantique. Sa valeur est estimée à 400 millions de dollars. La version offerte à Donald Trump en vaut encore plus puisqu'il s'agit d'une version améliorée, dans laquelle ont été installés une chambre, une salle de bain, une salle de réunion et des laons luxueux. Cet appareil aurait été conçu à l’origine pour une monarchie, avant d’être redirigé vers la Maison Blanche.

Le gouvernement américain promet de faire preuve de transparence et de respecter le droit, assure la porte-parole du président. L’opposition crie au conflit d’intérêts, voire à la corruption car le clan présidentiel a des intérêts dans le Golfe. La Trump Organization a signé le mois dernier un contrat pour la construction d’un golf et de résidences de luxe au Qatar. Donald Trump Junior a par ailleurs été invité à s’exprimer ce mois-ci au Forum économique du Qatar.

Le cadeau pose aussi des questions de sécurité. Transporter un président américain dans un avion équipé par une puissance étrangère n’est pas anodin. Il existe des risques d'espionnage et de cybersécurité. Le Qatar est proche de Washingto, mais c’est aussi un médiateur local. Doha entretient des relations avec les talibans afghans, l’Iran ou encore le Hamas.

Matthieu Belliard