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Otages du Hamas: ce que l’on sait sur les conditions de détention avec les premiers témoignages

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Soixante-neuf otages du Hamas ont été libérés depuis vendredi dernier. Certains témoignages permettent d’en savoir un peu plus sur leurs conditions de détention, même si la communication autour d’eux est très verrouillée.

Trois Français font partie du groupe d’otages qui ont été libérés ce lundi soir à Gaza. Ce sont les plus jeunes: Eitan Yahalomi (12 ans) et les deux enfants Kalderon, Erez (12 ans) et sa sœur Sahar (16 ans). C’étaient les trois seuls mineurs parmi les otages franco-israéliens. Ils ont donc été libérés et ils ont retrouvé leurs mères à l'hôpital. A part une photo, aucune image n’a filtré de ces retrouvailles.

La mère d’Eitan n’avait plus de nouvelles de son fils depuis le 7 octobre. Elle avait été enlevée avec lui et ses deux filles dans le kibboutz de Nir Oz. Les hommes du Hamas les avaient conduits à moto vers Gaza mais, profitant d’une chute, elle avait pu prendre la fuite à pied avec ses filles. Elle avait vu son fils de 12 ans entrer dans Gaza sur une autre moto… Elle vient donc de le retrouver, sept semaines plus tard.

La famille Kalderon a elle aussi été enlevée dans le même kibboutz, le 7 octobre. Les deux enfants avec leur père. Leur mère se trouvait dans un autre village attaqué, mais elle s’en est sortie. La grand-mère et une nièce avaient été tuées. Erez et Sahar ont donc été libérés alors que leur père est toujours retenu à Gaza. Hadas, leur mère, a appris la nouvelle alors qu’elle se trouvait dans un supermarché. Elle a hurlé de bonheur. Pour être précis, elle a hurlé: "Putain de merde!".

Depuis vendredi dernier, 50 otages ont été libérés. C’est exactement le chiffre prévu par l’accord signé au Qatar entre Israël et le Hamas. Cinquante otages israéliens ou binationaux en échange de 150 prisonniers palestiniens. Plus 17 otages thaïlandais, un Philippin et un Russe, qui ne faisaient pas partie de l’accord mais qui ont fait l’objet de négociations différentes. On aurait pu en rester là mais la trêve de quatre jours a été prolongée pour 48 heures, avec de nouveaux 10 otages qui seront libérés chaque jour. Et il n’est pas exclu que le processus se poursuive encore au-delà.

Peu de nourriture

Que sait-on des conditions de détention des otages libérés ces derniers jours? On a des témoignages indirects parce que la communication de ceux qui sont sortis est très verrouillée. Aucun otage libéré n’a vraiment raconté en longueur ce qu’il a vécu… Mais leurs familles ont donné des informations. La plupart racontent avoir été détenus dans des caves et avoir dû se réhabituer à la lumière du jour après sept semaines de détention. La nourriture manquait parfois. Il n’y avait au mieux qu’un repas par jour, avec du pain principalement, un peu de fromage et de concombre. Une femme et sa nièce libérées ensemble ont indiqué avoir perdu chacune 7 kg en 50 jours.

Et tous les otages n’ont pas vécu la même chose. Une petite fille de 12 ans a raconté qu’elle n’avait pas le droit de parler à voix haute, qu’elle devait chuchoter. Et après sa libération, elle continuait à s'exprimer à voix basse. Il a fallu lui rappeler plusieurs fois que désormais, elle avait le droit de parler normalement. Un garçon de 9 ans a témoigné que lorsqu’il demandait à aller aux toilettes, on le faisait patienter plus d’une heure.

Sur BFMTV, Ariane Tamir, une Française qui vit à Paris, a parlé des six membres de sa famille qui ont été libérés ensemble dimanche. Trois femmes et trois enfants qui ont été retenus dans un appartement. La famille se cuisinait elle-même ses repas, sauf que depuis 15 jours, on ne leur donnait presque plus rien à manger.

Une autre famille de trois otages a raconté que les geôliers leur faisaient souvent des menaces en mimant un égorgement, en passant le pousse sur la gorge. Aucun otage, en revanche, ne s’est plaint de mauvais traitement physique, de tortures ou de coups. En tout cas, pas qu’on le sache…

Nicolas Poincaré