Guerre Israël-Hamas: ce que l’on sait de l’accord pour la libération d’otages et de prisonniers

La trêve entre Israël et le Hamas est entrée en vigueur ce vendredi matin, en attendant les premières libérations d’otages qui sont prévues cet après-midi. C’est une trêve fragile. Des alarmes anti-roquettes ont été entendues dans les villages proches de la bande de Gaza. Des signes inquiétants mais jusqu’à présent, l’accord n’est remis en cause par aucune des deux parties. Il est toujours prévu qu'à 15h (heure française), le Hamas remettra à des représentants de la Croix Rouge un groupe de 13 otages, des femmes et des enfants. Ils seront conduits vers le poste frontière avec l’Egypte, puis transférés par hélicoptère vers plusieurs hôpitaux israéliens, où ils sont attendus.
Si tout se passe bien, la même opération aura lieu samedi, dimanche et lundi, pour arriver à la libération de 50 otages en quatre jours. On ne sait pas qui sont ces otages, mais les Israéliens le savent. Une liste avec 50 noms leur a été fournie par le Hamas. Et le général israélien en charge des relations avec les familles affirme qu'elles ont été prévenues ce jeudi soir, mais rien n’a filtré. Ce que l'on sait, c’est que les Américains espèrent la libération de plusieurs de leurs ressortissants et que la France a également des espoirs.
Ce que l’on sait aussi, c’est que parmi les 240 otages, on compte 37 mineurs, dont la moitié qui ont moins de 10 ans et deux bébés. L’un a été enlevé à 10 mois, l’autre est né à Gaza d’une mère kidnappée enceinte et qui a accouché en captivité. Parmi les huit otages français, trois sont mineurs, deux garçons de 12 ans et une jeune fille de 16 ans.
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300 prisonniers palestiniens libérables
Parallèlement, les Israéliens vont libérer un premier groupe de prisonnières et de prisonniers mineurs. Ils et elles sortiront de prison dans la journée. La liste a été négociée entre Israël et le Hamas. Le Hamas demandait la libération des femmes détenues depuis longtemps. Israël a exigé qu’elles n'aient pas de sang sur les mains, qu’elles ne soient pas les auteurs de meurtres ou d'attentats mortels.
Israël a communiqué une liste de 300 prisonniers libérables. 33 femmes, 123 mineurs de moins de 18 ans et 144 jeunes âgés de 18 ans. Pourquoi 300? parce qu’il est prévu 150 libérations dans les quatre jours qui viennent, puis encore 30 par jours si la trêve devait être prolongée. Mais les Israéliens excluent une trêve de plus de dix jours, d'où la liste de 300 noms.
Les Israéliens ont eu une dernière exigence. Ils demandent que lorsque les prisonnières et les jeunes prisonniers rejoindront leur village ce vendredi soir et dans les jours prochains, ils ne soient pas reçus comme des héros. Que leur retour ne soit pas l’objet de festivités.
Un accord très fragile
Un otage israélien devrait donc être libéré contre trois prisonniers palestiniens. Est-ce que ce n’est pas déséquilibré? Non, c’est au contraire l’accord le plus favorable jamais obtenu par Israël. La dernière négociation avait abouti à la libération d’un soldat, le Franco-Israélein Gilad Shalit, contre 1.047 prisonniers palestiniens.
Dans les années 1980, il y avait eu un échange de six Israéliens détenus au Liban contre 4.700 prisonniers. Dans les années 2000, les Israéliens avaient aussi échangé deux corps de soldats israéliens contre 200 corps de combattants du Hezbollah. Mais surtout, ces dernières années, les Israéliens avaient accepté de libérer des prisonniers célèbres, comme un homme qui était accusé d’avoir tué 26 Israéliens lors d’une prise d’otage et un autre qui avait tué de ses mains toute une famille dont une petite fille de 4 ans. Mais tout cela est terminé. Israël ne libérera plus 1.000 Palestiniens pour un otage, ni des terroristes condamnés pour des crimes sanglants. Cet accord, un pour trois, est le maximum que le gouvernement israélien était prêt à accepter.
Mais il pourrait encore capoter. On sait qu’en matière de libération d'otages, il ne faut jamais se réjouir tant que les otages ne sont pas entre les mains de la Croix Rouge. Il suffirait que quelques extrémistes brisent le cessez-le-feu, et tout pourrait être remis en cause. Le Hamas a aussi exigé que la bande de Gaza ne soit plus survolée par l’aviation israélienne. Et que la surveillance du territoire par des drones cesse également pendant la trêve. Une violation de ce point de l’accord pourrait aussi compromettre les libérations. C’est en tout cas dans une ambiance extrêmement tendue que les échanges devraient normalement commencer.