Propos de Darmanin sur Meloni: "Il a voulu dénoncer des solutions miracles", défend Attal

La tension ne retombe pas au lendemain des propos de Gérald Darmanin sur la présidente du conseil italien Giorgia Meloni. Ce vendredi, le ministre des affaires étrangères italien et numéro 2 du gouvernement Antonio Tajani a demandé des "excuses": "Quand on insulte gratuitement, le moins que l'on puisse faire, c'est de présenter des excuses. Dans le cas présent, il a insulté tous les Italiens ainsi que le gouvernement et la présidente du Conseil", a assuré le vice-président du Conseil après avoir annulé sa venue prévue jeudi soir.
Devant le tollé provoqué, le gouvernement français tente de réparer les dégâts: "Gérald Darmanin répondait à une interpellation de Jordan Bardella et a voulu dénoncer les solutions miracles de certains responsables politiques notamment à l'extrême-droite", a défendu ce vendredi sur RMC et BFMTV Gabriel Attal, le ministre délégué chargé des Comptes publics.
"Il est dans son rôle de ministre de l'Intérieur très impliqué sur ces questions d'immigration. Très vite, cet incident sera derrière nous, car la France a trop besoin de l'Italie et inversement. Il y a eu beaucoup plus d'arrivées aux frontières italiennes. C'est un enjeu majeur à régler au niveau européen. On ne le réglera pas sans l'Italie et sans l'UE", a martelé Gabriel Attal.
"Il y a eu aucune volonté du ministre de l'Intérieur d'ostraciser l'Italie", a abondé le porte-parole du gouvernement Olivier Véran sur Cnews, ajoutant "ne pas en faire une histoire historique, on continue de travailler avec les Italiens".
"Madame Meloni est incapable de régler les problèmes migratoires"
La veille, Gérald Darmanin avait estimé sur RMC que Giorgia Meloni "était incapable de régler les problèmes migratoires" de l'Italie: "Il y a un afflux de migrants à Menton parce que Madame Meloni, choisie par les amis de Madame Le Pen est incapable de régler les problèmes migratoires sur lesquels elle a été élue", a-t-il assuré sur le plateau des "Grandes Gueules".
"Madame Meloni, c'est comme Madame Le Pen, elle dit 'vous allez voir ce que vous allez voir' et ce qu'on voit, c'est que ça ne s'arrête pas et ça s'amplifie parce que l'Italie connaît une grave crise migratoire. Il y a dans l'extrême-droite un vice, c'est de mentir à la population", a poursuivi le ministre de l'Intérieur.
"Si l'Italie ne fait pas le job c'est tous les États européens qui vont en subir les conséquences"
"De temps en temps, il faut mettre les pieds dans le plat", défend à son tour sur RMC Patrick Stéfanini, ex-secrétaire général du ministère de l'immigration sous Nicolas Sarkozy, évoquant la crise migratoire qui touche l'Italie où le nombre d'arrivée a été multiplié par 4 au premier trimestre 2023 par rapport à l'année précédente.
"Chaque état membre de l'UE doit défendre ses frontières extérieures. Si l'Italie ne fait pas le job à Lampedusa, c'est tous les États européens qui vont en subir les conséquences", ajoute Patrick Stéfanini, regrettant l'absence de l'Union européenne dans les débats, qu'il appelle à être plus aux côtés de l'Italie et de la Grèce, les pays les plus exposés à la pression migratoire.
Il estime également qu'il est un peu tôt pour juger les effets de la politique de Giorgia Meloni, alors que la présidente du Conseil et son parti d'extrême-droite sont au pouvoir depuis six mois seulement.
Sujet sensible
Depuis plusieurs années, l'immigration est un sujet sensible qui dicte le ton des relations franco-italiennes. En novembre dernier, ces relations s'étaient tendues lorsque le gouvernement de Giorgia Meloni, avait refusé de laisser accoster un navire humanitaire de l'ONG SOS Méditerranée finalement accueilli à Toulon avec à son bord plus de 200 migrants. L'épisode avait suscité la colère de Paris.
Depuis, les traversées clandestines par bateaux continuent. Selon le ministère italien de l'Intérieur, plus de 42.000 personnes sont arrivées par la Méditerranée en Italie cette année contre environ 11.000 sur la même période en 2022.