Qui est Masoud Pezeshkian, le président iranien dans l'ombre du Guide suprême Ali Khamenei?

Regard impassible, style sobre, posture droite, Masoud Pezeshkian est le président de la République islamique d'Iran, qui vit l'un des épisodes les plus remuants de son histoire récente. Depuis quelques jours, le conflit avec Israël a pris un virage violent, marqué par de multiples bombardements mutuels.
Le chef d'État revendique sa simplicité. Les Iraniens l’appellent "le Docteur" parce qu'il s'agit d'un ancien médecin urgentiste, âgé de 70 ans. Masoud Pezeshkian a été mobilisé pour soigner sur le front pendant la guerre Iran-Irak des années 80. Il a élevé seul ses trois enfants, après la mort brutale de sa femme et d'un de ses fils.
Un pouvoir limité
Masoud Pezeshkian a été député et ministre de la Santé. Mais aujourd’hui, le Docteur gouverne un pays en guerre. Mais dans le régime à deux têtes iranien, il n’est que le visage élu d’un pouvoir dominé par le Guide suprême de la révolution, l’ayatollah Khamenei. Sa candidature avait même été validée par les autorités religieuses.
Le président iranien s’est entretenu avec Emmanuel Macron, samedi, au téléphone. Lors de cet échange, il a dénoncé les frappes israéliennes et alerté sur une possible escalade régionale. Son homologue français lui a demandé de revenir à la table des négociations.
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Jusqu'à cette escalade, Masoud Pezeshkian jouissait d'une image de modéré. Il avait publiquement plaidé pour des relations plus constructives avec l'Europe. Au moment de son élection, en juillet 2024, il avait lancé: "Nous tendrons la main de l’amitié à tout le monde." Il s'est présenté comme un homme de dialogue, favorable à la reprise des négociations sur le nucléaire et hostile à la police des mœurs.
Modéré, avec un changement de ton récent
Il faisait partie des rares hauts responsables iraniens à avoir contesté la répression du mouvement "Femme, Vie, Liberté". Masoud Pezeshkian revendique une approche plus ouverte de la société de son pays. Mais aujourd'hui, il est désormais dans le costume du chef de guerre.
Le ton s'était déjà durci ces dernières semaines. Lors d’un discours à Téhéran, il avait accusé Donald Trump de parler de paix tout en menaçant "avec les outils les plus avancés de tuerie de masse".
"Nous ne cherchons pas la guerre, mais nous ne céderons pas à l’intimidation", avait-il également déclaré.
À l’entendre, défendre le programme nucléaire iranien, c’est défendre la dignité de son pays. Masoud Pezeshkian s’inscrit dans la tradition nationale de résister aux pressions extérieures qui est presque une ligne d’honneur. Il n'est pas question de renoncer, dit-il, aux "droits légitimes" de l’Iran. La main tendue devient un poing fermé. S’il reste mesuré dans ses propos, l'appareil militaire de son pays ne s'embarrasse plus de filtre. Un haut-gradé affirmait, dimanche, qu'Israël serait bientôt rendu "inhabitable".