Sabotage du gazoduc Nord Stream: un Ukrainien visé par un mandat d'arrêt allemand

Près de deux ans après le sabotage des gazoducs russes NordStream, l’enquête vise désormais un Ukrainien. Le suspect est présenté comme Volodymyr Z. Aucun risque que ce soit le président ukrainien, Volodymyr Zelensky. Le Volodymyr Z. dont on parle ici, est moniteur de plongée.
Il est visé par un mandat d’arrêt européen de la justice allemande. Ce sont plusieurs médias allemands qui le révèlent: il s’agit d’un Ukrainien établit à l’époque en Pologne, pays qu’il a quitté depuis l’explosion des pipelines.
Gigantesques fuite de gaz
En septembre 2022, soit 7 mois après le déclenchement de la guerre en Ukraine, ce gazoduc avait explosé. Il y a même eu 4 explosions à la suite sur les pipelines jumeaux, NordStream 1 et NordStream 2, suivies de gigantesques fuites de gaz. Ce gazoduc relie la Russie à l’Allemagne: il passe sous la mer Baltique, pour alimenter les pays européens en gaz.
Au moment de ces explosions sous-marines, qui ont eu lieu à plusieurs heures d’intervalle, les conduites étaient fermées, elles n’étaient pas en service. Mais c’était très impressionnant car cela avait créé des bouillonnements à la surface de la mer, tout près de la Suède et du Danemark.
Deux autres plongeurs soupçonnés
La thèse de l’accident a très vite été écartée. L’Ukraine avait accusé la Russie, mais c’est donc bien un groupe d’Ukrainiens qui est désormais soupçonné. Dès mars 2023, le New York Times avait révélé qu’un groupe pro-ukrainien pouvait bien être impliqué dans ce sabotage. Et cette fois, ce mandat d’arrêt européen émis à l’encontre de Volodymyr Z. fait avancer l’enquête. Deux autres plongeurs ukrainiens sont d’ailleurs impliqués. Ils sont présentés sous les noms de Jehven et Svitlana.
Ce trio aurait transporté des explosifs sur les lieux du sabotage à bord d’un voilier, L’Andromède. Ce grand voilier, on en avait déjà parlé: dans le viseur du parquet allemand, il était parti de Rostock au nord de l’Allemagne, avait fait escale sur une île allemande dans la baltique, puis une île danoise, assez proche du lieu des explosions, avant d’aller en Suède et en Pologne, tout cela quelques jours avant les fuites de gaz. Les plongeurs ukrainiens, joints par les médias allemands, nient toute implication dans ce sabotage.
Des responsables ukrainiens impliqués?
À l’automne dernier, on parlait déjà d’un officier ukrainien qui aurait coordonné ce sabotage. Un certain Roman Tchervinski, qui a servi dans les forces d’opérations spéciales ukrainiennes et qui réfute toute accusation. À l’époque, The Washington Post, média américain, et Der Spiegel, l’hebdomadaire allemand, révélaient que cet officier aurait coordonné une équipe de 6 personnes qui a loué un voilier sous de fausses identités et utilisé du matériel de plongée pour aller placer des explosifs sur les gazoducs.
Si le lien entre ces deux enquêtes était établi, est-ce que cela voudrait dire que l’armée ukrainienne aurait saboté le gazoduc? Ce qu’avaient en tout cas affirmé à l’époque le Washington post et Der Spiegel, c’est que l’officier ukrainien, présenté comme celui qui a piloté l’équipage du commando, n’a pas agi seul. Il aurait reçu des ordres de responsables ukrainiens haut placés.
Kiev nie toute responsabilité
Quoi qu’il en soit, Volodymyr Zelensky, lui, n’aurait pas été informé des opérations. Et aujourd’hui, d’après la presse allemande, rien n’indique que les suspects ont agi sur ordre des autorités ou de l’armée. Kiev continue de nier toute responsabilité.
Ce qui est sûr en tout cas, c’est que le sabotage profite à l’Ukraine car c'est la destruction d’un moyen de pression russe sur les Européens et une façon de couper l’approvisionnement en gaz de pays qui soutiennent l’Ukraine.