"Un pays d'où se sont échappés les rêves des jeunes": la tentation de l'exil des Vénézueliens

Chaque fois, ils sont environ 100.000 à fuir le Venezuela. Une diaspora vénézuélienne qui s'installe dans les pays voisins (Colombie, Chili, Argentine, Pérou,...), aux États-Unis ou en Europe.
"Je n'ai pas le choix"
Pour Oryannis, c'est décidé, elle s'en va. Elle rejoindra le Chili le 13 mars. Partir lui a coûté près de 5.000 dollars. Pour cela, elle a vendu son appartement et sa voiture. Dans sa valise, elle emportera tout de même un drapeau du Venezuela:
"C'est un pays d'où se sont échappés les rêves des jeunes. Les miens aussi. Il y a du chômage, de la famine. Partir toute seule, accomplir mes rêves, c'est dur mais je n'ai pas le choix. Ici, les choses vont s'améliorer mais ça va prendre des années".
La tristesse de la séparation ne l'emportera pas sur les espoirs de Lizbeth, contrainte, faute de moyens, de rester au pays: "Pour l'instant, je ne préfère pas penser à son départ. Je suis sûre qu'elle va être le coup de pouce pour qu'on se relève tous de cette crise ".
"On est passé de 15 dossiers par mois à une quarantaine"
Pour partir et s'installer ailleurs, il faut des papiers en règle. Dayanna Hernandez, est avocate à Caracas. Elle a vu le nombre de demandes explosées:
"On est passé de 15 dossiers par mois à une quarantaine mais c'est très compliqué à monter. Dès qu'on parvient à faire certifier un document, le tampon du précédent à déjà expiré. Et il faut tout recommencer".
Le pays pourrait même perdre jusqu'à 42% de sa population âgée de 15 à 29 ans, selon une enquête de l'institut Gallup, des jeunes qui préfèrent tenter leur chance à l'étranger que de subir l'hyperinflation qui paralyse le pays. Mais pour obtenir un passeport, il faut parfois attendre jusqu'à deux ans.
Certains décident donc de franchir illégalement la frontière. Toutes les classes sociales sont concernées: les plus aisés partent en avion, les plus pauvres partent à pied et traversent la frontière.