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Une condamnation de Harvey Weinstein cassée par un tribunal de New York

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Un tribunal de New York a annulé une des condamnations de l'ancien producteur de cinéma, Harvey Weinstein. Cette peine était de 23 ans de prison, pour viol. Symbole du mouvement Metoo, l'homme reste en prison, car condamné dans d'autres affaires. Mais pour les victimes, cette décision est un choc.

Un tribunal de New York a annulé ce jeudi une condamnation de Harvey Weinstein. Le producteur de cinéma avait été condamné à 23 ans de prison pour viol. Il avait été le premier emporté par la vague Metoo en octobre 2017.

Deux journalistes du New York Times, deux jeunes femmes, avaient publié une longue enquête pour dénoncer les méthodes de l’homme le plus puissant d'Hollywood, le producteur qui faisait et défaisait les carrières dans le cinéma américain. L’article le décrivait comme un prédateur sexuel, usant de son pouvoir comme de sa force physique pour mettre les actrices dans son lit.

Le jour même de la publication de cet article le 5 octobre 2017, le hashtag #Metoo apparaît sur X (anciennement Twitter). “Metoo”, comme “moi aussi”. Et rapidement des dizaines de femmes vont témoigner. En tout, plus d’une centaine de femmes ont raconté avoir été victimes de violences de la part du producteur, dont certaines des actrices les plus célèbres comme Angelina Jolie ou Gwyneth Paltrow.

Harvey Weinstein a été jugé une première fois en 2020 à New York, mais pour deux affaires seulement. La plupart des autres ayant été prescrites, ou ayant fait l’objet d’un accord. Le producteur a donc été jugé pour une agression sexuelle sur une assistante en 2006 et un viol sur une actrice en 2013. Pour ces deux crimes, il a été condamné à 23 ans de prison, une peine qu’il purge depuis quatre ans dans une prison de l'État de New York. Mais c’est ce jugement qui a été cassé ce jeudi. Harvey Weinstein avait fait appel devant la plus haute cour de New York et cette cour d’appel lui a donné raison. Cinq juges contre quatre ont estimé qu’il n’avait pas eu le droit à un procès équitable.

Un jugement "profondément injuste"

Pendant ce procès, plusieurs victimes ont été appelées à témoigner et le producteur a été interrogé sur de nombreuses accusations concernant son passé. La cour d’appel a estimé que ce n'était pas juste, que Harvey Weinstein aurait dû être jugé uniquement pour les deux affaires qui étaient retenues et pas pour l’ensemble de son œuvre.

La condamnation est donc annulée. Le procureur de New York devra maintenant décider s’il abandonne les poursuites ou s’il organise un nouveau procès. En attendant, Harvey Weinstein reste en prison. Notamment parce qu’il a été condamné à 16 ans de prison dans un autre procès en Californie, pour un viol.

Mais cette décision est un choc pour les victimes. Elles dénoncent un "jugement profondément injuste" et tout à fait démoralisant. C’est un recul pour le mouvement Metoo parce que c’est l’accusé le plus célèbre qui se retrouve en partie relaxé. Depuis cinq ans et demi maintenant, ce mouvement a fait le tour du monde. Après les Etats-Unis au départ, il avait provoqué un tremblement de terre en Angleterre, où un ministre avait démissionné et où un autre homme politique s'était suicidé. Peut-être accusé à tort.

D’immenses manifestations avaient eu lieu en Espagne. En Italie, les débats avaient été très vifs parce qu’une des actrices qui dénonçaient Harvey Weinstein avait à son tour été accusée de harcèlement. Mais c’est sans doute en France que la vague Metoo a été la plus spectaculaire. Elle a emporté des personnalités aussi célèbres que Patrick Poivre-d’Arvor ou Nicolas Hulot. La particularité de la France, c’est surtout que “Metoo” se poursuit. Les réalisateurs de cinéma continuent régulièrement à être dénoncés. Le psychanalyste le plus célèbre du pays vient d'être accusé par des dizaines de femmes. Le Metoo de l'hôpital fait tomber des médecins. Bref, tout est parti d'Harvey Weinstein à Los Angeles, mais rien n’est terminé chez nous.

Nicolas Poincaré