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UNRWA: pourquoi l'agence de l'ONU pour la Palestine est au coeur d'une polémique

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La France a décidé de ne plus financer l’agence de l’ONU qui s’occupe des Palestiniens. La même décision a été prise par six autres pays, dont les Etats-Unis, parce qu'Israël assure que des salariés de cette agence auraient participé aux massacres du 7 octobre.

Les accusations sont venues du gouvernement israélien vendredi et ont fait l'effet d'un choc: des employés de l’ONU, des Palestiniens, auraient participé aux massacres du 7 octobre, ces attaques contre les kibboutz et contre une rave party qui ont fait plus de 1.200 morts.

Les Israéliens n’ont pas communiqué plus de détails sur ce qu'avaient fait exactement ces employés de l’ONU, mais le ministère français des Affaires étrangères, qui a sans doute reçu des informations que l’on a pas, parle d’actes d’une exceptionnelle gravité.

Et l'UNRWA, l’agence de l’ONU concernée par ces accusations, ne les conteste pas. Puisqu’elle a annoncé ce week-end l’ouverture d’une enquête et, sans attendre, a licencié les employés concernés. Ils sont au moins neuf, deux autres sont en cours d’identification, et un douzième est mort depuis.

Des licenciements qui n’ont pas suffi à calmer la polémique

Plusieurs pays ont donc décidé de suspendre leur aide financière à cette agence de l’ONU. Et pas n’importe lesquels puisqu’il s’agit des plus gros donateurs. Six pays dont les Etats-Unis, l’Allemagne, le Royaume-Uni, l'Australie et la France, qui a annoncé dimanche qu’elle ne ferait pas de versement au premier trimestre 2024. L’an dernier, la France avait versé 60 millions d’euros.

Ces sanctions financières auront des conséquences pour les populations palestiniennes, parce que l’UNRWA, l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, vient en aide aux habitants de la bande de Gaza. Le patron de l’ONU Antonio Guterres estime à 2 millions le nombre de civils à Gaza qui dépendent au quotidien de l’aide de l’UNRWA pour leur survie.

Cette agence est une énorme machine. Elle a été créée en 1949 pour assister les Palestiniens qui fuyaient ou qui étaient chassés de chez eux après la création de l'État d'Israël. Ils étaient environ 700.000 au départ, ils sont aujourd’hui 6 millions, réfugiés à Gaza, en Cisjordanie, en Jordanie, au Liban en Syrie. Et depuis 75 ans, l’UNWRA gère ces populations. Pas seulement en fournissant de l’aide alimentaire, mais aussi en faisant tourner des centaines d’écoles et autant d'hôpitaux et de dispensaires. Et en garantissant leur statut de réfugié, en leur fournissant des papiers qui sont en fait leurs seules cartes d’identité.

L’UNWRA emploie 30.000 salariés, presque tous palestiniens, mais l’agence est dirigée par un Suisse, Philippe Lazzarini, qui depuis le 8 octobre ne cesse de dénoncer la catastrophe humanitaire à Gaza. Catastrophe qui va forcément encore s'aggraver si l’agence de l’ONU n’est plus financée. De leur côté, les Israéliens accusent l'UNRWA de participer depuis des années à l’éducation des enfants palestiniens dans la haine d'Israël.

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Expliquez-nous par Nicolas Poincaré : UNRWA (ONU), l'agence à Gaza au cœur d'une polémique - 29/01
3:45

Juste après la décision de la CIJ

Cette affaire intervient juste après le jugement de la Cour de justice internationale qui a été rendu vendredi. Un jugement qui faisait suite à la plainte déposée par l’Afrique du Sud contre Israël. Les magistrats de la Haye ont rendu une décision équilibrée.

Ils reconnaissent qu’il y a un risque de génocide à Gaza, ce que demandait l’Afrique du Sud, mais ils n’exigent pas un cessez-le-feu, ce qui était l'autre demande du pays africain. De la même manière, la cour a demandé la libération de tous les otages israéliens, mais elle a aussi ordonné que l’aide humanitaire arrive à Gaza.

Or, c’est quelques heures seulement après ce jugement qu'Israël a rendu publiques ces accusations contre des employés de l’ONU. Des accusations qui ont entraîné l'arrêt du financement de cette aide humanitaire. Autrement dit, sept pays, dont la France, risquent aujourd’hui d'être accusés de ne pas répondre à l’injonction de la justice internationale.

Nicolas Poincaré (édité par J.A.)