"Je ne vais pas partir tranquille": des médecins généralistes n'arrivent pas à trouver de remplaçants pour l'été
Depuis la fin de ses études, il y a près de deux ans, Christian Boisramé est médecin remplaçant, dans des cabinets de généralistes autour de Strasbourg. Mais cet été, il a fait un autre choix. Celui d’aller travailler en centre de vaccination.
"C’est une activité qui change un peu du quotidien et du cabinet de médecine générale. C’est aussi un mode d’exercice où on réfléchit un petit peu moins. Donc on a le cerveau moins en compote à la fin de la journée, et en plus, c’est plutôt bien payé”, indique-t-il.
Plutôt bien payés en effet. Un forfait de 420 euros pour la demi-journée. Plus 5,40 euros par patient vacciné. C’est supérieur à ce qu’ils gagnent en tant que remplaçant. Et ce choix n'est pas sans conséquence. À 25 km de là, dans un cabinet de Gerstheim, “il y a des petites annonces, il y a trois mois qu’elles ont été lancées, mais il ne se passe rien”.
Un risque de surcharge des hôpitaux
Faute de remplaçant, le docteur Mayvaert va devoir fermer son cabinet au mois de juillet, pour la première fois depuis 22 ans.
“Je ne vais peut-être pas partir tranquille. Je ne sais pas si je ne vais pas avoir certains de mes patients qui vont se retrouver en grande difficulté. Je ne sais pas s’il y aura suffisamment de médecin dans le secteur pour répondre à l’urgence”, s’inquiète-t-il.
Les médecins ont bien tenté d’interpeller leur Agence régionale de santé, mais le problème n’a pas été pris très au sérieux. Claude Bronner est le président de l'union des médecins du Grand est. “Ça va être des patients qui vont aller chez le médecin voisin qui va répondre qu’il a trop de monde. Certains patients vont même aller à l’hôpital pour surcharger encore des hôpitaux. C’est une manière de surcharger encore le système qui n’a pas été anticipé comme beaucoup de choses dans cette crise”, confie-t-il.
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Pour lui, ce phénomène est également la parfaite illustration du niveau insuffisant des honoraires en cabinet. Qui se révèlent donc incapables de rivaliser avec les centres de vaccination.