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Marie, retraitée: "Nous sommes une génération privilégiée, augmenter notre CSG n'est pas choquant"

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Plus de 2.000 retraités s'estimant "maltraités" par le gouvernement manifestaient jeudi après-midi à Paris pour dénoncer la hausse de la CSG qui s'appliquera en 2018 à une majorité d'entre eux. Pour Marie, retraitée jointe par RMC.fr, estime au contraire qu'il n'est pas "immoral" de taxer davantage les retraités.

Marie, retraitée de 68 ans, ancienne cadre assistante sociale. Elle vit seule. Elle n'a pas voté pour Emmanuel Macron au premier tour de la présidentielle.

"J'ai un régime de retraite correct je n'ai perdu que 27% de mon pouvoir d'achat par rapport à mon ancien salaire. Par rapport à d'autres retraités c'est plus que correct. Je touche 2.400 euros par mois de retraites, en additionnant la retraite du régime général et ma retraite complémentaire. Pour moi, la hausse de la CSG va m'amputer de 40 euros par mois. En soi, cela ne me paraît pas énorme. C'est un effort que je peux faire à mon niveau. Ça veut dire faire des choix sur ce qui ne relève pas de l'obligatoire.

C'est vrai que nous sommes une génération privilégiée. Nous avons pu faire carrière sans difficulté et nous avons bénéficié de la croissance et des Trente Glorieuses – sauf peut-être ceux qui, arrivés à 50 ans, ont été frappés par le chômage au début des années 90. Qu'en temps de crise nous ayons à faire des efforts, cela ne me choque pas.

"Ceux qui ont le plus de difficultés sont les jeunes actifs"

Si j'ai bien compris, l'objectif du gouvernement, avec cette mesure, c'est de redonner du pouvoir d'achat aux salariés pour notamment redynamiser l'économie. On considère que les baby-boomers de ma génération ont été relativement privilégiés, et que ceux qui sont le plus en difficulté aujourd'hui sont plutôt les salariés les plus jeunes qui ont du mal à trouver du boulot. Sur le plan moral ça ne me choque pas: on sait que globalement la génération des retraités n'est pas celle qui est le plus en difficulté. Reste que beaucoup participent de la solidarité générationnelle en aidant leurs enfants, et beaucoup de notre génération ont à charge leurs parents très âgés.

C'est une population qui malgré tout se précarise. Les seniors participent également beaucoup à la vie de l'économie: par l'achat de voitures, par des voyages, des sorties... Mais quelqu'un qui a 1.500 euros de retraite, qui est imposable, qui n'a pas d'aides sociales pour payer son loyer, il va avoir un impact certain sur son pouvoir d'achat avec cette hausse de la CSG.

"Ça me choque toutefois qu'on baisse l'ISF"

Le problème c'est que cela fait plusieurs années que les retraites n'augmentent plus. Même si l'inflation est peu élevée, c'est quand même un manque à gagner par rapport aux charges fixes. Ce n'est pas parce que l'on est en retraite que ces charges fixes baissent – électricité, taxes foncières et d'habitation, transports hors SNCF… La retraite moyenne étant de 1.700 euros par mois, ceux qui ont encore un loyer à payer vont être particulièrement impactés. Ce qui me choque toutefois, c'est que l'on va augmenter la CSG pour les retraités et que dans le même temps, – toujours dans l'objectif d'accroître les investissements – on allège très largement l'ISF sur les valeurs mobilières. D'accord, il y a une valeur morale à taxer ceux qui ont des revenus réguliers, mais en contrepartie je trouve qu'on allège un peu trop les gens qui ont du capital. C'est un petit peu une solution de facilité de taxer les retraités."