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"After work", "start-up nation": la multiplication des anglicismes agace l'Académie française

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Les mots anglais sont de plus en plus présents dans la langue française et parfois même dans l'administration. De quoi agacer l'Académie française.

Les anglicismes sont légion, alors que les "French days" se terminent aujourd'hui et que le "black friday" arrive à grand pas. Et en début de soirée, certains se dirigeront peut-être à un "after work" pour profiter de l'"happy hour", en français dans le texte.

Aujourd’hui, quelque 3.000 anglicismes, au bas mot, composent notre vocabulaire au quotidien. Au grand dam de l'Académie française. L’institution parle même d’une "propagation massive et continue d'un vocabulaire anglo-américain souvent dénaturé, considéré à tort comme bien connu du public général et d'emploi quasi universel". Avec pour conséquence le risque d'un appauvrissement en proportion du lexique français, et d'une discrimination croissante entre les publics.

Au-delà du lexique, l'Académie française déplore "des conséquences d'une certaine gravité sur la syntaxe et la structure même du français". Avec "la disparition des prépositions" et "la suppression des articles" au sein de la langue française.

Fench days, black friday : doit-on bannir les anglicismes de notre quotidien ? - 02/10
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"Un problème"

"Il y a une invasion, qu'on apprécie ou non", constate Muriel Gilbert, linguiste et auteure de "Joyeuses fautes", qui ne s'en étonne pas: "Les Etats-Unis dominent le monde économique et technologique depuis une cinquantaine d'années mais c'est symptomatique de l'époque. À la Renaissance, c'est l'italien qui dominait et on a importé de nombreux mots italiens", poursuit-elle.

D'autant que le phénomène se produit dans l'autre sens: "Eux aussi utilisent énormément de mots français et ils y sont beaucoup moins hostiles, c'est même un peu snob pour eux", ajoute Muriel Gilbert.

En revanche, l'utilisation d'anglicismes au sein de l'administration l'agace: "Les institutions utilisent des mots anglais et ce n'est pas à elles de le faire". Et de citer la "start-up nation" et surtout le "pass culture", sans e, prôné par le ministère de la Culture. "Là, je trouve que c'est un problème", peste la linguiste.

Un problème qui n’est pas propre à la France. En mars dernier, en Italie, la Première ministre ultra-conservatrice Giorgia Meloni, avait annoncé vouloir sanctionner l’utilisation de mots anglais dans les communications officielles de l’administration, sous la forme d’amende pouvant aller jusqu’à 100.000 euros.

G.D.