"Ça va alimenter les complotistes": France TV suspend les enquêtes sur les personnalités politiques

Trois émissions, "Complément d'enquête", "Envoyé spécial" et "13h15", ont été sommées de faire une pause dans leurs investigations consacrées à des personnalités politiques, jusqu'aux élections européennes le 9 juin prochain.
La direction des programmes invoque le décompte du temps de parole des partis politiques sur chaque média, par l'Arcom, pour justifier cette décision. Suspendre ces enquêtes permettrait de laisser plus de place aux émissions de débat.
Mais du côté de la rédaction, on s'étonne du timing de cette annonce, assure "Le Monde". La suspension des reportages liés à des personnalités politiques intervient juste avant une rediffusion d'un portrait consacré à Alexis Kohler, le secrétaire général de l'Elysée et proche d'Emmanuel Macron, et alors que des portraits de la ministre de la Culture Rachida Dati et du Premier ministre Gabriel Attal étaient également en projet.
"C'est l'Etat qui chapeaute tout"
"C'est surprenant, ça va encore alimenter tous les complotistes et la complosphère", s'inquiète ce vendredi sur le plateau des "Grandes Gueules" Zohra Bitan. D'autant que cette décision intervient une semaine après la diffusion d'un "Complément d'enquête" consacré au président du Rassemblement national Jordan Bardella. Le reportage avait été diffusé malgré une mise en demeure du RN, qui a tenté en vain de faire supprimer un passage sur une éventuelle utilisation par son jeune président d’un compte Twitter anonyme diffusant des messages racistes.
"Cela n'a rien à voir avec le temps de parole, Alexis Kohler ne rentre pas dans ce temps de parole, ça ne tient pas la route", estime, sur RMC et RMC Story, Olivier Truchot. "N'est-ce pas le problème d'une télé publique d'Etat qui doit sans doute avoir des pressions de son actionnaire, l'Etat?", s'interroge-t-il.
"L'ORTF revient, c'est l'Etat qui chapeaute tout et on va nous expliquer que tout ça, c'est lié au temps de parole", abonde l'économiste Frédéric Farah. "Il y a quelque chose de pourri" ajoute-t-il. "Ce sont des reportages de l'investigation, j'aimerais savoir pourquoi l'Arcom considère ça comme du temps de parole alors que ce sont souvent des reportages à charge", s'étonne le restaurateur Stéphane Manigold.