Justine Triet, anatomie d'une Palme d'or qui sort ce mercredi en salles

La 77e Palme d'or sort en salles ce mercredi. "Anatomie d'une chute" de Justine Triet est entré dans un club très fermé puisqu'étant le troisième film réalisé par une femme primé par la plus prestigieuse récompense du Festival de Cannes, après la "Leçon de piano" de Jane Campion (1993) et "Titane" de Julia Decourneau (2021).
Sa réalisatrice, Justine Triet, est née à Fécamp en 1978, de parents qu’elle qualifie elle-même d’anticapitalistes. Elle rêvait de devenir artiste peintre. Diplômée des Beaux-Arts, elle a préféré la vidéo et le montage. Elle dirige d’abord des documentaires engagés, notamment sur le mouvement social de 2006 contre le CPE, puis sur l’élection présidentielle de 2007 et le face-à-face Sarkozy-Royal.
Dix ans de longs-métrages
En 2013, elle réalise son premier long métrage, toujours très politique: dans "La bataille de Solférino", elle raconte la présidentielle de 2012 et la victoire de François Hollande, racontée à travers le personnage d’une journaliste TV harcelée par son ancien compagnon. Mais son premier succès date de 2016: "Victoria" avec Virginie Effira dans le rôle-titre fait 700.000 entrées.
Ce film représente bien le fil rouge de son travail: des personnages de femmes résolument indépendantes qui semblent porter le monde à bout de bras. C'est le cas aussi d'"Anatomie d’une chute" qui raconte le procès d’une écrivaine, maman d’un enfant malvoyant et accusée d’avoir tué son mari. L’occasion de disséquer l’intimité de cette femme, son couple, sa bisexualité, son rapport à la maternité. Bref, un film coup de poing.
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Un discours qui a fait la polémique
Sauf qu’en recevant son prix à Cannes, elle a déclenché la polémique. Dans son discours dans lequel elle fustigeait "la marchandisation de la culture" et un gouvernement qualifié de "néolibéral" qui "a nié de façon choquante" la protestation contre la réforme des retraites. La ministre de la Culture répond en colère sur les réseaux sociaux auquel s'accompagne un silence gêné d’Emmanuel Macron qui ne félicite pas la nouvelle palme d'or. Sur les réseaux sociaux, Justine Triet a été accusée de cracher dans la soupe et même traitée "d’enfant gâtée" par le maire de Cannes, David Lisnard.
"C'est ma plus grande expérience de misogynie", répond-elle.
Quand le réalisateur anglais Ken Loach, dans son discours à Cannes en 2016, a fustigé le néolibéralisme et le monde antisocial qui en découle, il a été applaudi. Oubliez la polémique et allez voir ce film: c’est une palme d’or méritée.