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Mort de Maïté: "On ne peut plus montrer ça à la télé, c’est impossible", selon Philippe Etchebest

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Après la mort de Maïté, célèbre cuisinière de la télé des années 1980-1990, les hommages et les souvenirs sont nombreux. Avec la nostalgie d’une époque révolue pour les émissions gastronomiques.

Un accent, une faconde et des conseils inoubliables. Maïté, la plus célèbre cuisinière de la télé des années 1980-1990, s’est éteinte à l’âge de 86 ans, dans la nuit de vendredi à samedi. Parmi les nombreux hommages, Emmanuel Macron a salué une "ambassadrice de notre cuisine traditionnelle, icône populaire, source d’inspiration pour tant de familles", une cheffe qui "incarnait si bien l’art d’être français". A cette époque, à la télé, Maïté montrait tout ou presque de ses recettes, avec des scènes entrées dans la légende du petit écran, des coups de pilon sur la tête d’une anguille à la découpe des poulets et des canards…

Une quarantaine d’années plus tard, de telles émissions pourraient-elles être encore diffusées à la télé? Très présent sur les écrans, après avoir débuté devant les caméras avec Maïté, le chef Philippe Etchebest ne l’imagine pas. "C’est clair qu’elle aurait les associations sur le dos, confirme-t-il dans Les Grandes Gueules ce lundi sur RMC et RMC Story. On ne peut plus montrer ça à la télé, c’est impossible. Mais elle aurait une place dans votre émission, c’était une grande gueule."

Après Maïté, la cuisine s’est aseptisée à la télé. "Dans Top Chef, on est dans un concours avec de jeunes cuisiniers talentueux, avec énormément de qualité et de technique, explique Philippe Etchebest. Cette cuisine ne s’adresse pas aux personnes qui font à manger au quotidien, à la maison. Maïté faisait les recettes que nos mères et nos grands-mères faisaient à la maison, donc ça parlait à tout le monde. Elle représentait vraiment la cuisine des terroirs. Aujourd’hui, on ne pourrait plus le montrer à la télé, ça ne passerait pas malheureusement. On est tellement bridé qu’on ne peut plus rien montrer, plus rien dire."

Les Grandes Gueules du 23 décembre : Charles Consigny, Joëlle Dago-Serry et Jérôme Marty - 11h/12h
Les Grandes Gueules du 23 décembre : Charles Consigny, Joëlle Dago-Serry et Jérôme Marty - 11h/12h
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"Il ne faut pas imaginer que le patrimoine de Maïté est mort"

"Ça ne passerait absolument pas, L214 l’aurait trainée en justice depuis bien longtemps, estime aussi la coach de vie Joëlle Dago-Serry. Je m’en souviens, c’était une cuisine qui donnait envie. Aujourd’hui, quand je regarde les émissions culinaires, c’est beau mais l’odeur du plat ne ressort pas de l’écran. Avec Maïté, on avait l’impression qu’on pouvait reproduire sa cuisine. Son but, c’était de nous montrer comment on pouvait faire."

Le Dr Jérôme Marty, installé en Haute-Garonne, rassure sur l’héritage de Maïté: "Je connais beaucoup de Maïté, de femmes, dans le sud-ouest de la France, qui sont exactement comme elles. Cette cuisine existe encore, son patrimoine culinaire et culturel continue. Ça n’a pas disparu. Il ne faut pas imaginer que le patrimoine de Maïté est mort. Au contraire, il va continuer".

Et pour l’avocat Charles Consigny, originaire du Jura, cette culture gastronomique est à chérir. "Il faut revenir à ça, estime-t-il. Quand je vais dans les restaurants où me trainent mes amis bobos dans le 11e arrondissement de Paris, ces espèces de bistronomie totalement bidons… (…) Je déteste tous ces restaurants contemporains que tout le monde adore. Des betteraves parsemées de graines de courge, des tranches de butternut lyophilisé… Il n’y a rien de meilleur que la cuisine au gras, au beurre, la viande rouge, n’en déplaise aux associations. Il faut absolument fuir les gens qui mangent des graines."

LP