Ado de 17 ans interpellé à Vesoul: pourquoi la jeunesse est "la tendance de la menace djihadiste"

Un adolescent de 17 ans qui envisageait une action violente a été interpellé lundi à Vesoul. Selon les premiers éléments, ce jeune qui était connu des services de renseignement, envisageait de commettre un attentat terroriste au nom de l'Etat islamique "pendant le ramadan".
Il aurait voulu viser des cibles juives ou chrétiennes, ou s'en prendre au consulat d'Israël ou des Etats-Unis, avant d'être interpellé en possession d'un couteau devant le lycée professionnel où il était scolarisé.
Le jeune âge du suspect qui voulait passer à l'acte "n'a rien d'étonnant", assure ce vendredi sur RMC Story Éric Delbecque, expert en sécurité intérieure et ancien directeur sûreté de Charlie Hebdo. "C'est assez classique, on a des profils de plus en plus jeunes, inférieur à 21 ans pour 70% des dossiers en 2023. C'est la grande tendance de la menace djihadiste depuis plusieurs années".
Des lieux de sociabilisation "porteurs d'une idéologie radicale"
Un rajeunissement qui s'explique d'abord par "un niveau de violence et de la criminalité de plus en plus jeune et fort". Autre explication, "un conditionnement djihadiste de plus en plus efficace chez les jeunes, qui vivent dans des enclaves de séparatisme et de la naissance à l'adolescence, ils sont pris en main".
"Cela veut dire que dans une fratrie, entre copains, dans des clubs de sport, ces lieux de sociabilisation vont être porteurs d'une idéologie radicale", explique Eric Delbecque.
Il évoque aussi le rôle des jeux vidéo et des réseaux sociaux, des activités prisées par les jeunes "qui vont contribuer à ce conditionnement".
Cependant, Eric Delbecque assure qu'il n'y a pas "d'autoradicalisation par Internet". "Il y a toujours un complément avec une propagande djihadiste qui va renforcer le processus de radicalisation mais un adolescent équilibré, pas violent, ne va pas du jour au lendemain devenir djihadiste en regardant du contenu djihadiste, il faut relativiser".
"L'endoctrinement est plus fort que jamais"
Si le recrutement "peut parfois diminuer, l'endoctrinement est plus fort que jamais et permet d'ancrer dans le cerveau d'individus favorables à la violence une doctrine" et développer le passage à l'acte chez des individus isolés. "L'idée c'est de 'démocratiser' le djihad"
L'adolescent de Vesoul souhaitait passer à l'acte avant la fin du ramadan le 30 mars prochain. Insuffisant pour déterminer certaines dates plus propices aux passages à l'acte: "Tout est redouté. Il y a le ramadan, les anniversaires des attentats, des dates avec des significations géopolitiques mais mesurer le risque n'est plus tellement opératoire même s'il y a des points de sensibilité", développe Eric Delbecque.
L'adolescent de Vesoul a été mis en examen jeudi soir pour "participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un ou plusieurs crimes d'atteintes aux personnes" et placé en détention provisoire a assuré le Parquet national antiterroriste.