Affaire des écoutes: qui est la juge Sophie Clément, critiquée par Nicolas Sarkozy?

Critiquée pour l’avoir condamné. Sophie Clément présidait la chambre de la cour d’appel qui a infligé ce mercredi à Nicolas Sarkozy une peine de trois ans de prison dont un an ferme, dans l’affaire des écoutes. L’ancien président, qui a décidé de se pourvoir en cassation, n’a pas apprécié et il le fait savoir dans une interview au Figaro.
"Certains magistrats sont dans un combat politique, explique-t-il. Ils l’ont dit publiquement. Ce n’est pas un fantasme. Comme un journaliste l’a révélé mercredi, la présidente de la chambre qui m’a condamné s’en est prise à moi nominativement en 2009 dans un article du Monde. N’aurait-elle pas dû se déporter, plutôt que de juger un homme qu’elle avait publiquement mis en cause de manière aussi véhémente?"
Nicolas Sarkozy fait allusion à un article du Monde en 2009 dans lequel Sophie Clément critiquait une réforme voulue par Nicolas Sarkozy qui proposait de supprimer la fonction de juge d’instruction indépendant. Sophie Clément avait alors estimé que l’on cherchait à museler les magistrats instructeurs et que si cette réforme passait, il n’y aurait plus jamais d'enquête sur les affaires sensibles ou politiques.
Finalement, devant la levée de bouclier de très nombreux magistrats, Nicolas Sarkozy avait renoncé à sa réforme…
Une juge qui n’a pas peur des dossiers politiques
Est-ce que cette interview permet de dire que Sophie Clément est une juge politique? Disons que c’est certainement une juge qui n’a pas peur des dossiers politiques. Elle se présente comme indépendante et non syndiquée.
Avant de présider une chambre de la cour d'appel, elle a fait presque toute sa carrière comme juge d’instruction. Elle a instruit l’affaire Borrel, du nom d’un juge français retrouvé mort à Djibouti. L'enquête s'était d’abord orientée vers la thèse du suicide mais la juge Clément avait ensuite privilégié la thèse d’un assassinat, à la plus grande fureur des autorités du pays. Ce qui avait provoqué une crise entre la France et Djibouti…
Sophie Clément a aussi instruit la plainte de trois Français qui avaient été détenus par les Américains à la prison de Guantanamo. Elle avait requalifié les faits en "torture et acte de barbarie" et elle avait demandé aux Américains de se rendre elle-même pour enquêter à Guantanamo. Ce que les Américains avaient refusé.
Elle a aussi instruit la plainte de victimes de la dictature de Pinochet, au Chili. Ce qui avait débouché sur un procès, à Paris, et c’est dit-elle sa plus grande satisfaction professionnelle.