Un parvis Nicolas Sarkozy à Nice? "À Saint-Ouen ça m'aurait surpris mais là c'est couleur locale"

Quel est le double point commun entre Charles Pasqua, Jacques Chirac, Jacques Médecin et Nicolas Sarkozy? Ils pourraient bientôt tous avoir une rue ou une place à leur nom à Nice malgré leurs démêlés avec la justice. Christian Estrosi, le maire Horizons de la ville a annoncé lundi son intention de donner le nom de Nicolas Sarkozy au parvis du futur hôtel des polices, alors que l'ex-Président vient d'être condamné en première instance à 5 ans de prison ferme dans l'affaire Kadhafi.
"C'est l'occasion de saluer l'action déterminante qu'il a menée, d'abord comme ministre de l'Intérieur puis comme Président de la République, en faisant de la sécurité une priorité nationale", a assuré Christian Estrosi sur X à propos de Nicolas Sarkozy.
"C'est un geste de décence, d'amitié et de reconnaissance pour un grand ministre et un grand Président", a-t-il ajouté sur BFMTV.
"Sarkozy n'avait pas besoin d'une nouvelle polémique"
La ville a déjà, depuis 2019, une allée Charles Pasqua (ancien ministre de l'Intérieur, notamment, condamné à deux reprises à des peines de prison avec sursis). Il y a aussi la rue Jacques Médecin, ancien maire de la ville, condamné pour fraude fiscale et détournement de fonds et le Cours Jacques Chirac, lui aussi condamné pour détournement de fonds.
"C'est de la politique politicienne pour la campagne des municipales", juge ce mardi sur le plateau d'Estelle Midi Jérôme Lavrilleux. "Normalement les présidents de la République on leur donne des noms d'aéroports ou de boulevard quand ils sont morts. Si c'est pour célébrer sa mort politique, ce n'est pas sympa", ironise-t-il. "Il faut être toujours prudent quand on veut nommer une rue, même si c'est sous le coup de l'émotion.
"C'est bien d'attendre et je pense que Sarkozy n'avait pas besoin d'une nouvelle polémique", ajoute Jérôme Lavrilleux, ancien cadre de l'UMP, condamné dans le cadre de l'affaire Bygmallion.
"C'est une manœuvre politique mais pourquoi pas" estime Fred Hermel. "Les Niçois ont voté pour cette équipe municipale et si c'est si horrible que ça, il y a des élections dans six mois et je crois à la démocratie", assure-t-il.
"Nice de toute façon, ce n'est pas la ceinture rouge de Paris, l'habitant moyen de Nice n'est pas choqué. Une esplanade Nicolas Sarkozy à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) ça m'aurait un peu plus surpris, à Nice, c'est couleur locale", ajoute Fred Hermel sur RMC et RMC Story.
"Si c'est son pote, il lui envoie un SMS, il fait ça dans le privé", note sur le plateau des Grandes Gueules Joëlle Dago-Serry. "Eux, ils prennent leur ville et les deniers publics pour un hommage à leurs copains. Qui a voté pour ça? Personne, je trouve ça indécent". "Heureusement qu'il n'était pas pote avec Nordhal Lelandais", ironise Mourad Boudjellal.
La gauche niçoise choquée
Cette décision n'a pas manqué de faire réagir la gauche niçoise qui voit dans cette annonce une provocation "qui abîme l'image de notre ville". C'est ce qu'assure Juliette Chesnel Le Roux, candidate aux prochaines municipales sur une liste commune avec les socialistes et les communistes.
"Nice mérite mieux que d'être associé à un président condamné par la justice et symbole d'affaires judiciaires", même si Nicolas Sarkozy a fait appel et reste présumé innocent.
La gauche niçoise, propose plutôt de baptiser ce parvis au nom de Robert Badinter, l'ancien ministre de la justice, à l'origine de l'abolition de la peine de mort et bientôt panthéonisé.