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Police-Justice

Affaire Théo: après la condamnation des policiers, les différentes parties évoquent de l'apaisement et un soulagement

Théo Luhaka le 9 janvier 2024 au palais de justice de Bobigny pour le début du procès des trois policiers jugés pour son interpellation violente

Théo Luhaka le 9 janvier 2024 au palais de justice de Bobigny pour le début du procès des trois policiers jugés pour son interpellation violente - Thomas SAMSON © 2019 AFP

Les policiers impliqués dans l'affaire Théo Luhaka ont été reconnus coupables de violences volontaires aux assises de Seine-Saint-Denis vendredi 19 janvier, sept ans après l’interpellation violente survenue le 2 février 2017.

La décision de la Cour d'assises de Seine-Saint-Denis était l'une des plus attendues de ce début d'année 2024. Vendredi en début de soirée, le verdict est finalement tombé. Les trois policiers ayant mené l'interpellation violente de Théo Luhaka, le 2 février 2017 à Aulnay-sous-Bois, lors de laquelle le jeune homme avait reçu un coup de matraque déchirant son sphincter, ont été reconnus coupables de violences volontaires.

Le policier auteur du coup a écopé de la peine la plus lourde, avec 12 mois de prison ferme et cinq années d'interdiction d'exercer sur la voie publique.

"Les délinquants étaient les policiers"

Vendredi après le délibéré, à l’extérieur de la salle, les cris et slogans des militants engagés contre les violences policières ne reflétaient pas totalement la sérénité qui régnait, tant du côté des accusés que de Théo Luhaka et de ses proches.

Une décision judiciaire qui marque la fin d’un combat de sept ans, rappelait Maître Antoine Vey, l’avocat du jeune homme à la sortie du tribunal. "Enfin il y a ce verdict qui dit que les délinquants étaient les policiers", s'est-il notamment félicité.

"C'est une victoire pour nous et j'espère sincèrement que ça va permettre à Théo de se reconstruire, et aussi à chacun de tirer les enseignements de ce drame", a déclaré Maître Antoine Vey, avocat de Théo Luhaka.

La cour a estimé que le coup de bâton télescopique qui a provoqué de graves blessures à Théo Luhaka était bien une violence, mais pas un crime car il n’a pas entraîné d’infirmité permanente.

"La Cour n'a pas la conviction que les lésions organiques, en dépit de leur caractère particulièrement grave, ont entraîné pour lui la privation irrémédiable de l'usage de ses facultés organiques, dépassant de simples gênes ou amoindrissements, seraient-ils permanents tels qu'une incontinence aux gaz", est-il expliqué par la cour des Assises de Seine-Saint-Denis.

L'abandon de cette qualification criminelle est un soulagement pour Thibault de Montbrial, avocat du principal accusé.

"La première impression de notre client, c'est l'immense soulagement que pour la première fois, il est établi le fait, comme il le dit depuis le premier jour, qu'il n'est pas un criminel", a affirmé l'avocat du policier auteur du coup de matraque face à la presse.

Trois mois avec sursis pour les deux autres policiers

D'après Linda Kebbab, déléguée nationale du syndicat SGP Police-FO, "il n'y a jamais eu de viol et ça, l'instruction l'a dit dès le début", faisant référence aux propos de la victime qui disait, après les faits, qu'il s'était "senti violé" après la pénétration de la matraque. "La justice a dit (...) qu'en aucun cas les policiers étaient responsables d'une quelconque mutilation", a-t-elle lancé face aux médias qu'elle a accusé de "police bashing".

Les indiscrets : Affaire Théo, des tensions durant le procès des policiers - 11/01
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Les deux autres policiers ont été condamnés à trois mois de prison avec sursis, alors que l'avocat général avait requis des peines de six mois avec sursis pour l'un, et trois pour l'autre. Ces deux autres agents ne pourront pas intervenir sur le terrain ni détenir une arme pendant deux ans.

Pour fixer la sanction des trois accusés, les jurés ont pris en considération de multiples facteurs comme l’absence d’antécédents judiciaires pour les accusés, mais aussi leurs situations familiales stables et leurs états de service de qualité.

Pour le principal accusé, la cour a retenu qu’il avait notamment un casier vierge et un parcours professionnel très positif. La cour d'assises de Seine-Saint-Denis n’a pas non plus été convaincue que le geste répond aux codes de la sécurité intérieure.

Marion Dubreuil, Alexis Lalemant