Après avoir été qualifiée de "capitale du jihad", Lunel veut "dévoiler son vrai visage"

- - -
Claude Arnaud est le maire DVD de Lunel, dans l'Hérault. La ville compte 26.000 habitants. Fin 2014, une vingtaine de ses jeunes sont partis faire le jihad en Irak et en Syrie. Huit y ont trouvé la mort.
"La déferlante médiatique est légitime – oui, il y a bien eu des départs au jihad on ne le renie pas -, mais cela nous a collé une image négative. On a été comparé à Molenbeek. Dans la presse, j'ai lu des titres comme: 'Lunel capitale du jihad'. Même le New York Times a envoyé une équipe de trois personnes ici pour enquêter là-dessus. Il y a encore un livre qui sort le 13 septembre sur le jihad dans lequel Lunel se fait tailler en morceau. Une fois que les gens auront lu ce livre ils ne voudront jamais venir à Lunel.
"On vit très bien à Lunel"
A l'époque Je n'ai pas su avec mes équipes comment prendre le contre-feu contre ça. On s'est dit qu'on aller laisser le les choses se tasser. Aujourd'hui les choses ont changé, il n'y a plus cet engouement pour aller construire l'Etat islamique. Donc on s'est dit qu'il était temps de réagir. Nous ne nions pas nos problèmes – un chômage élevé, des jeunes qui sont partis faire le jihad – mais Lunel, ce n'est pas que ça. Nous y vivons très bien. Des villes de 25.000 habitants qui ont un plateau médical comme le nôtre – bloc opératoire, radiologie, IRM de pointe – ça n'existe pratiquement pas. Il y a un tas d'actions sur le sport et la culture. Lunel est une ville agréable à vivre. Nous voulons montrer qu'il faut se méfier des amalgames et nous voulons proposer une autre image de notre ville. C'est l'idée de cette campagne de communication.
"Les habitants ont été meurtris"
Le slogan ("Lunel se dévoile")? Il est volontairement provocateur et fait avec humour. Quand vous avez une communauté importante de confession musulmane, c'est sûr que ça attire le regard, mais c'est une formule qui ne vise personne. On aurait d'ailleurs pu écrire la ville se re-dévoile: un voile et une chape de plomb était tombée sur la ville laissant apparaître une image tronquée, et nous avons décidé de soulever ce voile pour vous montrer qui nous sommes réellement.
Les habitants ont été meurtris par cette image. Ils ont été choqués, blessés de l'image qui a été véhiculé de leur ville. De amis qui n'habitent pas la ville me disent: 'mon dieu, tu n'es pas en danger? Que se passe-t-il dans cette ville?' C'est pourquoi, au-delà de la campagne d'affichage et de communication dans la presse, nous lançons aussi une campagne participative. Nous voulons entraîner les Lunellois à parler de leur ville. Nous allons leur distribuer 500 perches à selfie pour qu'ils montrent leur ville telle qu'ils la vivent."