RMC
Police-Justice

Après seize ans de silence, le père du petit Grégory prend la parole

placeholder video
Pour la première fois depuis des années, il sort du silence dans le livre de son avocat. Il a compris depuis longtemps que la notoriété est un poison et que l'antidote est le silence.

Jean-Marie Villemin est un homme qui a compris depuis longtemps que la notoriété est un poison et que le silence est l'antidote. Il ne s’était pas exprimé, n’avait pas dit un mot publiquement depuis 16 ans. Il a accepté de signer quelques pages en postface du livre de son avocat maître Moser. 

On parle d’une famille qui a vécu simultanément trois drames en 1984 et 1985. La mort du petit Grégory, assassiné. L’inculpation et l'incarcération de sa femme Christine Villemin accusée à tort d’avoir tué son enfant. Puis son emprisonnement parce qu’il avait tué son cousin soupçonné d'être l’assassin. La famille a été déchiquetée, mais elle a pu se reconstruire dans le silence et la discrétion absolue. 

Jean-Marie Villemin a aujourd'hui 62 ans et Christine 60 ans. Il vient de prendre sa retraite de contremaître en région parisienne. Elle travaille encore dans une maison d’édition à Paris. Ils ont eu trois enfants. Julien dont Christine était enceinte quand elle était en prison. Il a aujourd’hui 35 ans. Emmeline qui est professeure agrégée, première diplômée du supérieur dans cette famille d'ouvriers. Et le benjamin qui prépare le Capes, de professeur de sport. 

L'enquête se poursuit

Jean-Marie Villemin n’a jamais abandonné son combat pour connaître la vérité. Le mois dernier encore, il a demandé une nouvelle expertise ADN sur les vêtements de Grégory. Il attend la réponse. Dans les pages qu'il vient de signer, il dit espérer une solution “juste” dans un avenir “pas trop éloigné”. 

Une solution juste, ce serait un procès. Un supplément d’information a été ordonné et la nouvelle instruction est menée à Dijon. Un oncle et une tante de Jean-Marie Villemin avaient été mis en examen en 2017, puis les poursuites ont été annulées pour des questions de forme. Mais l'enquête se poursuit et Jean-Marie Villemin salue le travail et l'énergie du juge. 

>> A LIRE AUSSI - Révélations dans l'affaire Grégory: l'avocat des Villemin demande de nouvelles expertises ADN

En revanche et sans surprise, il ne pardonne pas au premier juge, le juge Lambert qui s’est suicidé il y a trois ans. Il l’appelle le triste Jean-Michel Lambert et évoque sa monstrueuse décision d’avoir incarcéré sa femme. 

36 ans après, les plaies ne sont pas refermées. Mais ces quelques pages de Jean-Marie Villemin, c’est surtout un gage d’amitié et de fidélité. Un hommage à Thierry Moser, l’avocat qui n’a jamais lâché la famille. L’avocat, il le raconte, qui était venu le chercher un soir de Noël à la sortie de la prison. Puis qu’il avait conduit chez Christine de nuit et dans le brouillard pour le début de leur nouvelle vie.

Nicolas Poincaré