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Police-Justice

Bruno Retailleau va réunir les entrepreneurs dans les cryptomonnaies après plusieurs affaires d'enlèvement

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau à Paris le 16 avril 2025. (Photo d'archive)

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau à Paris le 16 avril 2025. (Photo d'archive) - Ludovic MARIN/AFP

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau va réunir place Beauvau les entrepreneurs du secteur des cryptomonnaies, a-t-il annoncé mercredi, au lendemain d'une violente tentative d'enlèvement en pleine rue à Paris et après plusieurs kidnappings suivis de séquestrations.

Le ministre de l'Intérieur réunira vendredi les principaux entrepreneurs des cryptomonnaies pour "travailler à leur sécurité", après une tentative d'enlèvement et plusieurs séquestrations qui font dire à l'un des pontes du secteur que "réussir en France, c'est se mettre une cible dans le dos".

"Je réunirai à Beauvau les entrepreneurs, il y en a quelques-uns en France, qui sont dans ces cryptomonnaies pour que, avec eux, on travaille à leur sécurité" et "pour qu'ils soient conscients aussi des risques", a indiqué Bruno Retailleau mercredi sur Europe 1 et CNews.

"Il faut qu'on prenne ensemble des mesures pour les protéger. Mais les commanditaires, où qu'ils soient - peut-être même à l'étranger - on les retrouvera", a-t-il promis.

"Un climat délétère"

Ces derniers mois, plusieurs dirigeants de sociétés spécialisées dans les cryptomonnaies, ainsi que des proches, ont été ciblés. La dernière tentative d'enlèvement, avortée mais spectaculaire, mardi en pleine rue à Paris, a visé la fille et le petit-fils, mineur, du PDG de la plateforme d'échanges Paymium.

Selon une source policière, quatre malfaiteurs s'en sont pris à eux, dans une rue du 11e arrondissement de la capitale. Cagoulés, ils ont tenté de les faire monter dans une camionnette avant de fuir face au père de l'enfant, qui s'est interposé, et l'arrivée des passants.

Une arme, de type airsoft, et la camionnette ont été retrouvées un peu plus loin mais, à ce stade, les auteurs n'ont pas été interpellés. "Nous appelons les autorités à prendre des mesures immédiates pour contribuer à la protection des collaborateurs des entreprises du secteur", a réagi Paymium dans un communiqué transmis à l'AFP.

"Les fausses idées fréquemment disséminées, entre richesse supposée et fantasmes criminels, participent malheureusement à alimenter la désinformation et créer un climat délétère", poursuit l'entreprise française qui se présente comme le pionnier européen de l'échange de bitcoins.

"Plus aucune limite"

Fin janvier, le cofondateur de Ledger David Balland et sa compagne avaient été kidnappés à leur domicile dans le Cher. L'alerte avait été donnée par Eric Larchevêque, l'autre cofondateur du spécialiste de portefeuilles crypto, qui avait reçu une vidéo d'un doigt coupé de David Balland, accompagnée d'une importante demande de rançon en cryptomonnaies.

Séquestré à Châteauroux, David Balland avait été libéré le 22 janvier. Sa compagne avait été retrouvée ligotée dans le coffre d'un véhicule dans l'Essonne le lendemain. Au moins neuf personnes ont été mises en examen dans cette affaire, dont le commanditaire présumé de cet enlèvement.

Début janvier, un homme de 56 ans avait été retrouvé dans le coffre d'une voiture près du Mans, à plusieurs centaines de kilomètres de son domicile situé dans l'Ain. Selon plusieurs médias, il s'agissait du père d'un influenceur en cryptomonnaies basé à Dubaï, qui publie régulièrement des vidéos sur ses gains. Une rançon "très élevée" avait été réclamée.

"Une mexicanisation de la France"

Le 1er mai, le père d'un homme ayant fait fortune dans les cryptomonnaies avait lui été enlevé par quatre hommes encagoulés, déjà en plein Paris, et libéré deux jours plus tard. Cinq personnes ont été mises en examen dans cette affaire. L'entrepreneur et investisseur Eric Larchevêque a dénoncé sur son compte X "une mexicanisation de la France".

"Depuis plusieurs mois, les affaires sordides d'enlèvements et de tentatives d'enlèvement se multiplient. En plein jour. En plein Paris. Sous les yeux de tous (...) Ces criminels n'ont plus aucune limite. Ni morale, ni peur. Même pas celle de la réclusion à perpétuité, tant l'impunité et le laxisme judiciaire sont devenus la norme", a-t-il estimé dans un long post.

"Aujourd'hui, réussir en France, que ce soit dans les crypto-actifs ou ailleurs, c'est se coller une cible dans le dos", a-t-il ajouté. S'inquiétant d'une possible fuite des "talents" si rien n'était fait pour protéger les entrepreneurs, le cofondateur de Ledger a également réclamé dans ce message "une tolérance zéro pour les actes de violence" ainsi qu'"une justice rapide, ferme et lisible".

C.A avec AFP