"Cela devient invivable": à Nîmes, les habitants du quartier Pissevin sont toujours privés de bus

À Nîmes, les bus ne passent toujours pas dans le quartier de Pissevin, gangréné par le trafic de drogue qui a coûté la vie à un enfant de 10 ans, victime collatérale des règlements de comptes entre dealers le 21 août dernier. Depuis onze jours, le quartier n'est plus desservi par les transports en commun malgré de nombreuses réunions, encore entre la préfecture la mairie, les habitants et les chauffeurs de bus. Ces derniers déplorent les violences et l’insécurité auxquels ils sont confrontés quotidiennement alors qu'une nouvelle fusillade a eu lieu dans la nuit de jeudi à vendredi.
L'absence de bus, "c'est la double peine", déplore dans "Charles Matin" ce vendredi sur RMC et RMC Story Raouf Azouz, directeur de l'association de quartier Milles couleurs. "Les habitants sont encore condamnés à subir la grève des chauffeurs. Aucune solution n'a été trouvée à l'issue de la réunion de jeudi."
Quand aller travailler ou à l'école devient un parcours du combattant
Une nouvelle réunion doit avoir lieu ce vendredi: "On va écouter les revendications des chauffeurs, mais il faut penser aux 15.000 habitants du quartier, il faut au moins un service minimum, cela devient invivable, on ne peut pas les prendre en otage", déplore Raouf Azouz.
Faute de bus, Houria doit faire 25 minutes à pied chaque matin pour accompagner son fils au collège: "Je galère, avant même d'arriver au collège on est fatigué. Comment l'élève peut être concentré pendant les cours?". Car pour éviter les points de deal, elle est obligée de faire un détour: "J'accompagne mon fils parce que j'ai peur. On est tout le temps uni, on est innocent. On n'est pas des consommateurs, pas des trafiquants, on est des gens normaux", rappelle Houria. "Les parents ont peur pour leurs enfants, les ouvriers ne peuvent pas aller travailler, d'autres ne peuvent arriver à l'heure au travail", constate Raouf Azouz.
Nouvelle fusillade
Pour un retour à la normale, les pouvoirs publics misent sur un dispositif de sécurité spécial. "La préfecture va mettre en place un dispositif de sécurité la semaine prochaine", assure Jean-Marc Campello, le vice-président de la métropole de Nîmes en charge des mobilités. "Les chauffeurs de bus vont juger par eux-mêmes si c'est suffisant pour leur protection. Si oui, ils reprendront le travail", promet-il.
"La solution passera par les habitants", estime de son côté Raouf Azouz: "Je sais qu'ils ont peur, qu'il y a l'omerta mais on veut que la population réagisse, sorte de chez elle. Des mamans se sont déjà déplacées à la préfecture pour réclamer un service minimum", se félicite-t-il, en espérant que cela puisse avoir un impact.
Dans le quartier, les violences continuent. Jeudi, un individu a tiré à trois reprises en direction d'une voiture à bord de laquelle se trouvaient quatre personnes. Les tirs n'ont pas fait de blessé.