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Assassinats à Marseille: la préfète de police cible "la responsabilité importante du consommateur"

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Invitée d’"Apolline Matin" ce lundi sur RMC et RMC Story, Frédérique Camilleri, préfète de police des Bouches-du-Rhône, pointe la "responsabilité importante" des consommateurs de drogue dans les multiples règlements de comptes qui frappent Marseille.

Encore du sang dans les rues de Marseille. Trois hommes ont été tués ce dimanche matin à la sortie d’une boite de nuit, portant le nombre de morts dans des règlements de comptes à 21 depuis le début de l’année. "Le trafic de drogue tue tous les jours dans les cités, partout dans notre pays. La drogue tue, parce qu’il y a beaucoup d’argent à faire dans le système. Et l’argent sort de la poche du consommateur, qui a une responsabilité importante dans ce qu’il se passe dans nos villes et nos quartiers", assure Frédérique Camilleri, préfète de police des Bouches-du-Rhône, dans "Apolline Matin" ce lundi sur RMC et RMC Story.

Et à Marseille, les armes parlent désormais au-delà des quartiers où se concentrent le trafic de drogue. "La quasi-totalité des homicides qui ont eu lieu à Marseille depuis le début de l’année, sur fond de trafic de drogue, sont liés à un seul conflit entre deux clans rivaux, qui sont très lourdement armés et qui obligent l’ensemble des acteurs du trafic à se positionner les uns par rapport aux autres, explique Frédérique Camilleri. Les personnes qui sont ciblées le sont là où elles se trouvent. Et elles se trouvent parfois ailleurs que dans les cités où se déroule le trafic de drogue, comme dans des boites de nuit ce week-end, ou devant des snacks où elles ont leur habitude. Il y a des assassinats ciblés qui vont chercher le concurrent là où il se trouve."

"Cela donne ce sentiment, que je peux comprendre évidemment, sur la violente qui est présente partout dans la ville, qui n’est pas limitée aux lieux où se trouve le trafic de drogue, ajoute la préfète de police des Bouches-du-Rhône. Tout cela, la police judicaire le comprend parfaitement. Dès les identités connues, cela nous permet de regarder ce qu’il se passe, de savoir à peu près qui attaque, qui se défend." Avec des enquêtes qui demandent du temps.

"Toute l’année, des personnes sont jugées pour ces crimes et lourdement condamnées"

"Il y a toujours un petit temps de latence entre l’assassinat et la recherche des coupables, la mise en route d’une enquête, la nécessité pour la police judiciaire de comprendre ce qu’il se passe pour pouvoir orienter les enquêtes dans la bonne direction, indique Frédérique Camilleri. Elle l’a fait sur les deux premiers mois de l’année. A partir de mars-avril, vous avez sans doute remarqué que des commandos ont été interpellés en flagrant délit. Ce n’est pas le fruit du hasard, mais d’un travail de police judiciaire, d’une compréhension de ce qu’il se passe entre ces clans lourdement armés. La police judiciaire, par nature, a besoin d’un peu de temps pour se mettre en capacité de réagir rapidement à chaque assassinat, voire de les anticiper parce que le but est de les éviter."

Dans le même temps, d’autres agents s’attèlent à casser les points de deal. "La police de voie publique va aller chercher les armes, essayer de démanteler les réseaux dans les cités, les déstabiliser, assure la préfète de police. Et surtout, leur faire comprendre que puisqu’ils se disputent pour l’argent et qu’ils sont prêts à tout pour l’argent, on va leur couper les vivres, en empêchant déjà le trafic dans les grandes cités de Marseille. C’est un travail que l’on fait depuis deux ans et qui porte ses fruits avec 40 points de deal définitivement démantelés en deux ans, à Marseille."

Quant aux peines prononcées par la justice, Frédérique Camilleri assure qu’elles sont à la hauteur. "Vous savez que la justice prend son temps et c’est heureux que chacun ait le droit de se défendre dans de bonnes conditions, et qu’il y ait des enquêtes approfondies. Toute l’année, nous élucidons des crimes. Et toute l’année, des personnes sont jugées pour ces crimes et lourdement condamnées. On parle de 30 ans de prison à la perpétuité pour des assassinats commis sur fond de trafic. La justice passe. Ce serait une erreur de faire croire que tout cela se déroule dans la plus grande impunité. Comme nous avons la chance de vivre dans un Etat de droit, les enquêtes judicaires, ça prend du temps. Même lorsque la rumeur publique désigne le coupable, la police se doit de le prouver."

LP