“C'était limite une bête de foire": les réactions se multiplient après la mort de Jean Pormanove

Mort dans la nuit de dimanche à lundi, lors d'un d'un "stream" en direct sur la plateforme Kick, Jean Pormanove, Raphaël Graven de son vrai nom, faisait partie d'un groupe de créateurs de contenus.
Les vidéos de plusieurs heures diffusées en direct cumulaient des milliers de vues. Dans celles-ci, "JP" était très souvent victime de violences et d'humiliations. Il pouvait se faire insulter, étrangler, recevoir des claques, et même se faire asperger d'eau bouillante. Des scènes découpées, puis postées sur les réseaux sociaux.
"On se moquait de lui par rapport à ses dents, et JP il s'énervait, ça me fume. Il ne se vexait pas", explique Rayane, 15 ans, qui avait l'habitude de voir des extraits sur les réseaux sociaux. Selon Mediapart, les streameurs ont gagné au moins 13.500 euros en novembre 2024 grâce aux dons des internautes.
Un signalement trop tardif
Sur certaines vidéos, Jean Pormanove crie pourtant de douleur, mais il reste dans cette bande. "Il y a de la culpabilité au niveau de tout le monde pour ce qu'il s'est passé parce que ça se voyait qu'il n'était pas bien traité. C'était limite une bête de foire", analyse Younès.
La ministre chargée du Numérique Clara Chappaz a saisi l'Arcom. Une réponse trop tardive, selon Fabrice Epelboin enseignant à Sciences Po. "L'émission dont on parle avait été dénoncée par Mediapart l'an dernier, elle avait été signalée à l'Arcom par la Ligue des droits de l'homme. Mais toujours est-il que les autorités de régulation ont été totalement inefficaces", regrette le spécialiste des médias sociaux.
"C'est un peu tard", estime aussi Damien Bancal, journaliste spécialisé en cybersécurité, invité d'Apolline Matin ce mercredi 20 août. La modération de la plateforme Kick, sur laquelle étaient retransmises les vidéos, est également pointée du doigt.
"Ils avaient déjà été bannis deux fois de Kick. Ils ont été interdits deux fois, mais sont revenus une troisième fois", ajoute Damien Bancal.
Le compte de "JP" a, depuis sa mort, été supprimé. "Nous sommes profondément attristés par la perte de Jean Pormanove", a indiqué par mail à l'AFP un porte-parole de Kick.