"Des barbares sans morale": la mère d'Elias, tué à la machette à 14 ans, pointe un "ensauvagement"

Elias a été tué à coups de machette le 24 janvier dernier alors qu'il sortait de son entraînement de foot dans le 14e arrondissement de Paris. Sur RMC/BFMTV ce mardi, sa mère Stéphanie pointe du doigt un "ensauvagement", malgré le risque de récupération politique.
Elle ne mâche pas ses mots et affirme: "ces individus ne sont pas de simples délinquants, ce sont des barbares". Pour elle, ce terme barbare, "ce n’est pas un gros mot, c'est une définition". Dans le dictionnaire, ce mot décrit une personne qui n'est pas civilisée.
"Il n'y a pas de tabou, les mots ont un sens. Ils sont décivilisés, ils n'ont pas de morale, pas d'âme", poursuit la mère d'Elias.
"Ils ne pensent pas comme nous"
Un propos confirmé, selon elle, par le commandant chargé de l'affaire. Lorsque la fille de Stéphanie lui a demandé si les deux suspects, âgés de 16 et 17 ans, avaient des regrets, ou des frères et sœurs, il a répondu, dit-elle: "On arrête, n'imagine pas ce qu'ils pensent, ils ne pensent pas comme nous".
Autre preuve de ce manque de civilité, avance l'invitée d'Apolline de Malherbe: ils n'ont rien répondu et n'ont pas présenté d'excuses. "Ils ne comprennent pas ce qu'ils ont fait, ils ont dit qu'ils ne savent pas en fait", explique-elle.
"Ils n'ont pas d'explications, pas d'excuses, ça témoigne d'une insensibilité d'adolescents qui ne font pas partie de la société. Qui ne doivent plus faire partie de la société", martèle la mère.
Alors, pas de doute, "ils ne peuvent pas vivre avec nous". Elle a peur qu'ils fassent d'autres victimes, qu'ils mettent "en danger d'autres enfants". "Ça n'est pas possible", assure-t-elle.
"Protéger les vivants"
Car ce 24 janvier 2025, c'est sur Elias qu'ils se sont acharnés, mais des licenciés de moins de 18 ans qui jouent au foot, il y en a "à peu près 1 million". Pour elle, cela signifie "1 million de jeunes qui peuvent être en danger".
"Je ne parle pas uniquement d'Elias. Nous aimerions, en tant que parents, protéger par notre message. Protéger les vivants, les joueurs et joueuses de foot, qui ne peuvent pas être tués par des barbares, à coups de hachettes et machettes", s'indigne-t-elle.
"Ce n'est pas possible de laisser perdurer ces actions", ajoute Stéphanie. Car le foot, "c'est une famille formidable, un monde fantastique. Jouer au foot c'est universel, tout le monde joue au foot. On ne peut pas mettre en danger tous les ados qui jouent au foot", lance-t-elle, remerciant au passage Luis Enrique pour l'espoir qu'il fait naître dans sa famille à la suite du deuil de sa fille Xana, décédée à l'âge de neuf ans.
Elle veut que les politiques "se réveillent" sur "l'ensauvagement"
Ce qu'elle souhaite, c'est que les politiques "se réveillent et agissent" devant un "ensauvagement". "Ça va être récupéré mais c’est une réalité". Elle se dit inquiète de cette récupération, mais n'a pas le choix. Car, depuis la mort de son fils, Stéphanie a vu toutes ses valeurs "s'effondrer". Le terme "ensauvagement" avait fait polémique lorsque Bruno Retailleau l'avait employé, à plusieurs reprises, dès début janvier, avant même le décès d'Elias.
Finalement, elle ne comprend pas ces décisions de justice qui, malgré la connaissance des casiers des deux suspects, les ont laissé en liberté. Multirécidivistes, ils avaient été jugés coupables en octobre pour des faits de vols avec violence, mais n'avaient pas encore été sanctionnés. C'était prévu le 5 juin. Cette période de césure, la mère ne l'a comprend pas: "peut-être que c'est limpide de relâcher des barbares dans la nature".
"Lorsque votre enfant fait une bêtise, à aucun moment vous lui dites: 'dans 9 mois on en reparle et on verra si on te punit', déplore-t-elle.
Selon elle, "ce qui va se passer pendant ces 9 mois, c'est donner un sentiment d'impuissance à ces ados". C'est leur permettre de "continuer sans problème à se promener avec une machette, voler des jeunes, et à un moment les tuer parce qu'ils sont barbares".
De plus, ils avaient interdiction d'entrer en contact, mais habitaient dans la même résidence. "On ne peut pas dire à deux barbares de ne pas rentrer en contact quand ils habitent dans la même résidence", rappelle-t-elle, indignée.
"Que la justice soit juste"
Face à cette situation, elle reconnaît qu'Elias "n’avait aucune chance de s’en sortir", car les deux assaillants "avaient volonté de lui donner la mort".
"Ce sont des multirécidivistes, archi-connus et qui agissent en toute impunité depuis 2021", souffle Stéphanie.
Aujourd'hui, ce qu'elle demande c'est que "la justice soit juste. Que la justice défende enfin Elias". Les deux suspects, placés en détention provisoire, ont été mis en examen pour "extorsion suivie de mort". Ils risquent 15 ans de réclusion criminelle, voire 30 ans, si la justice ne retient pas l'excuse de minorité.