Émeutes, rodéos: les couvre-feux sont-ils efficaces contre les violences urbaines?

Compiègne, Limoges, Montceau-les-Mines, Béziers... Plusieurs villes moyennes de province sont confrontées à des émeutes urbaines d'ampleur depuis plusieurs jours ou des rodéos urbains. Face aux violences, certaines municipalités ont choisi de mettre en place un couvre-feu interdisant aux mineurs de sortir entre certaines heures de la nuit.
"C'est une des parties d'un dispositif global pour empêcher de créer des violences urbaines", avance ce mardi sur RMC et RMC Story Marie-Claude Jarrot, maire de Montceau-les-Mines en Saône-et-Loire qui a pris un arrêté mettant en place un couvre-feu pour les mineurs. "La commune n'est pas un terrain de jeux, cet arrêté a pour objectif d'interpeller les parents qui doivent prendre leurs responsabilités et les faire réagir"
"J'espère que nous sommes perçus comme accompagnants des parents. Nous sommes dans une ville moyenne, nous connaissons ces mineurs délinquants", fait valoir Marie-Claude Jarrot.
Mais pour un couvre-feu efficace, il faut une présence policière afin de le faire respecter: "J'ai besoin de plus de policiers nationaux et il faut que la justice travaille vite", appelle la maire de Montceau-les-Mines.
Une méthode efficace qui a un coût humain
C'est justement là que le bât blesse: "Un couvre-feu ça marche, il y a de la retenue et moins de monde dans la rue, ça facilite le travail, mais ça ne marche pas seul", explique Grégory Joron, secrétaire général du syndicat de police Un1té.
"Cela ne fonctionne qu'avec une présence policière pour quadriller le terrain et que ce couvre-feu soit appliqué. On n'est pas une ressource inépuisable, on déploie des CRS qui arrivent d'une autre mission, ils sont déjà dans le rouge et ils sont redéployés", alerte le policier.
"On a 64 compagnies de CRS, elles sont déjà fortement sollicitées, ça ne peut pas être le réflexe immédiat. Malheureusement nos collègues ne suivront pas, ils sont déjà dans le rouge. Si on continue comme ça, on va arriver au mois de septembre vraiment épuisés", martèle Grégory Joron.
Car le nombre de policiers n'a pas bougé depuis 2005. Résultat, "on a laissé se construire des sociétés parallèles et le tissu associatif abandonné. Et on commence à payer l'addition dans les villes moyennes", déplore le syndicaliste policier.