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Infirmière tuée à Reims: "Il n’aurait jamais dû pouvoir passer à l’acte" dénonce son frère

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Un an après la mort de l’infirmière Carène Mezino au CHU de Reims, une expertise psychiatrique a confirmé l'irresponsabilité pénale du meurtrier présumé, déjà diagnostiqué schizophrène après une première attaque au couteau en 2017. Le frère de la victime, qui témoigne ce jeudi sur RMC, dénonce l’absence de mesures entre les deux affaires.

Un hommage est rendu ce jeudi à Reims à Carène Mezino, l'infirmière poignardée à mort au CHU de Reims le 22 mai 2023, un patient schizophrène de 59 ans. Une cérémonie qui se tient au surlendemain d'une nouvelle expertise psychiatrique qui confirme l'irresponsabilité pénale de son meurtrier présumé. Et ce n'est pas une surprise pour la famille de Carène Mezino. Le mis en cause, diagnostiqué schizophrène, avait déjà été reconnu irresponsable pénalement après avoir attaqué au couteau quatre personnels de santé en 2017. Mais la crainte des proches de l'infirmière, c'est d'être privés d'un procès aux assises. Alors, leur avocat Me Didier Seban va demander une troisième expertise psychiatrique.

"On doit s’interroger sur le caractère structuré de l’acte, le choix qu’il a fait de ne pas prendre ses médicaments, en connaissant les conséquences, explique-t-il. Ce qui inquiète mes clients, c’est qu’une nouvelle fois, la justice, qui n’a fait pas ce qu’il fallait pour protéger la société, puisse se dessaisir de cette affaire, alors qu’on sait que cet homme est extrêmement dangereux." La famille de Carène Mezino envisage aussi d'engager la responsabilité de l'Etat dans le suivi du mis en cause.

Témoin RMC : Luc Thibaut - 23/05
Témoin RMC : Luc Thibaut - 23/05
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"On marche sur la tête"

"C’est très compliqué pour nous, témoigne Luc Thibaut, le frère de Carène Mezino, dans Apolline Matin ce jeudi sur RMC et RMC Story. Voir que ce monsieur ne sera pas jugé pénalement, il y a de l’incompréhension. Il y a eu la première affaire en 2017, il a attenté à la vie de quatre personnes. Le procès a eu lieu après le décès de ma sœur, ce qui est incompréhensible vu les rapports des experts. Plusieurs fois, il est mentionné qu’il est dangereux. Déjà, comment se fait-il qu’il a été laissé en liberté de 2017 à l’assassinat de ma sœur?"

"Si on va encore plus loin, son psychiatre, qui le suit depuis de nombreuses années, voulait enlever la curatelle et le laisser dans la nature… On marche sur la tête, dénonce le frère de l’infirmière. Il passe à l’acte, sa folie est débordante, et on ressort la casquette ‘il est vraiment fou, très dangereux, il faut l’enfermer et le mettre sous surveillance’. Je trouve qu’il y a eu énormément de bêtises faites par les magistrats, les psychiatres. Il n’aurait jamais dû pouvoir passer à l’acte. Il aurait déjà dû être sous surveillance avant son procès."

Aucune certitude sur l'avenir du meurtrier présumé

Un an après la mort de sa sœur, Luc Thibaut aimerait avoir la certitude que le meurtrier présumé ne pourra pas récidiver. "On demande la troisième contre-expertise pour essayer de faire bouger les choses et de faire comprendre aux gens, explique-t-il. On m’aurait certifié que ce monsieur ne puisse plus sortir, que ce soit en psychiatrie ou pénalement, je m’en serais contenté. Moi, j’ai posé la question dans le bureau du juge. Il n’y a personne qui est capable de dire qu’on va le garder dans un hôpital psychiatrique fermé, jusqu’à la fin de sa vie."

Si le parquet de Reims retenait l'irresponsabilité pénale, il n'y aurait pas de procès aux assises. Depuis l'attaque au CHU de Reims, le meurtrier présumé est en détention provisoire dans une unité médico-carcérale de Villejuif (Val-de-Marne).

LP avec MD